☾ l’ailleurs. l’ailleurs qui vient gonfler les poumons, remplir l’intérieur de cet air qui semble si différent du quotidien - bourré d’antiseptiques et de poussière cumulée au sein des studios. il est l’heure d’oublier - de voir l’ensemble de l’agence en dehors du cadre professionnel, dans une virée collective destinée à souder la famille qu’ils sont censés former. et raphaël, il se sent bien. reconnaît chaque visage, chaque silhouette - ne se lasse pas de sourire, rire au son de leurs conversations excentriques ; une famille recomposée, quand celle qui est à la maison est détestée et n’attend plus vraiment son retour.
parmi cette foule, jieun. jieun et ses sourires, jieun et sa persévérance, jieun un peu délaissée, qu’il a du finalement de côté. pas volontairement, juste pas nécessité. quand tout devient trop lourd, trop difficile à porter, il sait qu’il doit faire des choix, mêmes les plus difficiles à assumer. eunha ne lui a pas vraiment laissé la chance d’en décider, de toute façon. l’opération approche, et avec elle, les risques de définitivement tomber.
pourtant, il aurait voulu que ça se passe autrement. il aurait voulu qu’elle comprenne, lui laisse une chance de s’expliquer - accepte cet oubli d’un soir qu’il tente encore désespérément de se faire pardonner, comme si la faute avait été gravée sur son front avec la pointe de la culpabilité.
et alors qu’il se balade dans les rues d’auckland durant le quartier libre, fuit un peu l’euphorie générale, ta silhouette se profile à l’horizon, et avec elle, une chance de se racheter. de peut être faire entendre raison à ta protégée - le laisser t’approcher de nouveau, ou au moins avoir une chance de s’expliquer. car il croit en elle, raphaël. il y a toujours cru.
hey ! excuse moi, tu es bien le manager de jieun ? la main sur l’épaule, il ose t’arrêter, t’observes un instant sans te lâcher du regard - à ne pas vraiment te connaitre, mais avoir cette aise qui le caractérise en tant qu’étranger, et cette facilité qu’il a de pouvoir aborder n’importe quel membre de l’agence.
je suis raphaël, mais tout le monde m’appelle ao. on a déjà eu l’occasion de se croiser. je ne te dérange pas ? j’espérais qu’on puisse parler un peu. à espérer que tu puisses éclairer sa voie, à quelques pas du départ pour le nouveau continent - ou pour l’autre monde, qui sait.