idole, ex-mc du music blast & « clown le plus beau de l’industrie » -- rose
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October 12, 2014
Un silence parfait embaumait la pièce, un silence inhabituel. Le regard vide, il fixait la table, comme s’il l’inspectait, cherchant à comprendre les moindres détails de cette nape cirée que sa mère avait pourtant depuis des années. « Mange quelque chose mon Chéri. » Ses yeux s’étaient levés vers elle, vers le regard inquiet de sa mère, son sourire légèrement crispé. Elle semblait si calme, presque apaisée, et il la comprenait sans la comprendre. Comment faisait-elle ? Elle avait bien tenté de lui parler – elle avait toujours aimé parler – d’expliquer, de justifier. Il l’entendait, incapable pour autant de trouver une réponse à lui fournir. D’être de son avis ou non. Chaque bruit le faisait sursauter, comme s’il s’attendait à le voir entrer dans la pièce en trombe, comme à son habitude. Comme s’il s’attendait à voir sa silhouette dans l’embrasure de la porte, avant d’entendre sa voix gronder ce qu’il lui passait par la tête.
« Ah, l’automne est bien installé, il commence à faire froid, non ? » Par automatisme, son regard s’était tourné vers la fenêtre, observant la pluie frapper contre la vitre. Le mois d’octobre était à peine entamé et il n’avait cessé de pleuvoir. Le soir, il y pensait encore et encore. C’était ridicule, il ne pouvait plus ressentir le froid, il ne pouvait sentir l’eau glacial, il n’était même pas certain que cela pouvait l’atteindre. Vingt jours étaient passés. Déjà vingt jours, qui lui semblait pourtant représenter des années. Personne n’avait questionné sa disparition, tous étant bien trop habitués à le voir partir et revenir à sa guise. Mais cette fois, il ne reviendrait plus. Il ne reviendrait jamais. « Est-ce que tu voudras bien me répondre un jour ? » Ce mutisme ne lui ressemblait pas non plus. Il l’avait pris d’elle, ce besoin de parler en permanence, de raconter tout ce qu’il lui passait par la tête. La mascotte de la troupe entière pendant des années, tout le monde s’amusait d’écouter ses histoires, s’émerveillait de ses aventures qu’il avait tendance à exagérer juste pour attirer un peu plus l’attention. Un enfant vif, plein de vie, qui ne connaissait pas une once de timidité. C’était soudainement comme s’il s’était éteint.
Et s’il retrouvait sa voix ? Et s’il parlait ? S’il racontait tout, que se passerait-il ? Depuis sa naissance, son univers entier tournait autour de ses deux parents. Il n’avait personne d’autre, au fond. Sa famille en Corée du Sud, il ne les avait rencontrés qu’une seule fois. Sa mère lui avait répété plusieurs fois, avec ce même air désolé, perdu. « Tu sais, si je pouvais aller à la police tout avouer, j’irais. Mais que feront-ils de toi ? Où iras-tu ? » A quatorze ans, probablement en famille d’accueil jusqu’à sa majorité, dix-huit ans. Rémi avait déjà perdu l’un de ses parents, il ne pouvait s’imaginer perdre l’autre. « Demain, on partira tous ensemble aux Etats-Unis. Tu as toujours aimé quand on allait là-bas. Tu avais vraiment beaucoup aimé Detroit la première fois, tu te souviens ? » Sa tête se secoua légèrement, incapable de retrouver un quelconque souvenir de la première fois qu’il avait visité cette ville. Sur le moment, ça n’avait pas d’importance. Il voulait quitter Montréal, il voulait partir loin d’ici. Loin de ce petit appartement qui semblait l’étouffer. « Tout ira bien, Rémi. Tant qu’on est tous les deux, tout ira bien. » La main aimante de sa mère s’était levée pour se glisser dans les cheveux noirs de son fils, tentant de se montrer rassurante. Tout irait bien, cela sonnait si faux. Il savait qu’il ne serait plus possible que tout aille bien désormais. Qu’il y aurait toujours une ombre au tableau, ce vide, ce manque, cette culpabilité. Prenant une bouchée du repas qu’elle avait préparé, comme pour la rassurer, il fit doucement glisser sa chaise. « Je vais dans ma chambre. » Retrouver le silence, la solitude, seul avec ses propres pensées qui le torturaient, avec l’impression d’être dans un mauvais rêve, sans jamais pouvoir se réveiller.
(c) sky
a night under the stars
maybe we’re just two stars born from different constellations, we were never meant to connect, oh, but how we tried, we screamed, but it was never enough.