Saeko in Wonderland

S'écartant de la machine à pince, Saeko poussa un long soupir. Pour ses premiers cinq lancers, elle avait fait fort en ne gagnant qu'un petit sac de bonbons. Elle ne pouvait qu'observer avec envie les autres personnes qui jouaient à proximité et gagnaient plusieurs prix, petites peluches dinosaures ou gros oursons en peluche. On lui proposa cinq nouveaux jetons. Si elle hésita d'abord, la jeune Japonaise finit par accepter, se disant qu'elle s'était déjà de toute façon bien ridiculisée avec ses quatre échecs. Prenant les jetons, elle tourna un instant pour trouver une machine de libre, et se positionna derrière la console. L'esprit encore un peu trop brouillé par ses émotions, Saeko ne réussit pas à guider correctement la pince, qui fit tomber le petit dinosaure qu'elle avait attrapé par la tête. La peluche glissa, tombant dans le fond de la cabine à peine quelques centimètres avant. Ça s'était joué de peu.

Storm clouds may gather and stars may collide, but I love you, until the end of time (come what may)

Soufflant par le nez d'une façon agacée bien peu mignonne, Saeko se mordilla la lèvre inférieure. Allait-elle vraiment continuer sur sa lancée d'échecs ? Elle en ressentait presque l'envie de pleurer, tant la frustration la gagner. Non, c'était stupide. Fermant les yeux, la jeune Japonaise se concentra. Elle pouvait gagner un autre prix, aussi petit soit-il. Replaçant ses mains sur la console, elle guida la pince jusqu'à un endroit où s'accumulaient plusieurs petits sachets de bonbons. A défaut de gagner le gros lot, elle pouvait toujours essayer d'en attraper un autre, de ceux-là. La pince entama sa descente, s'ouvrant au-dessus du tas de bonbons et, miracle ! se saisit de l'un d'eux et l'amena jusqu'à elle. Saeko lâcha un petit rire, se trouvant bien idiote d'être à ce point heureuse d'en avoir gagné un deuxième. Toutefois, c'était tout ce dont elle avait eu besoin pour se remotiver, et avoir envie de continuer à jouer.

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Attrapant le petit sachet de bonbons qu'elle venait de gagner, Saeko le déposa à côté du premier qu'elle avait gagné précédemment. Bon, tout espoir n'était pas perdu, semblait-il. Après tout, il lui restait trois jetons. Cette fois-ci, malgré les résultats, elle allait rester derrière la même machine du début à la fin, elle se le promit. Elle n'était pas du genre à baisser les bras - sinon, elle ne serait pas idole en Corée du Sud - alors elle se jura de continuer jusqu'à ne plus avoir de jeton. Glissant donc le troisième dans la fente de la machine, Saeko réessaya d'attraper une peluche, malheureusement sans succès. Encore. Elle poussa un nouveau soupir agacé, se demandant si elle ne devrait pas observer quelqu'un qui était plus chanceux qu'elle et copier ses faits et gestes. Ou peut-être devrait-elle demander à Jisung de l'aider ? La deuxième solution lui semblait la plus tentante.

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Si l'idée d'appeler Jisung lui semblait plus que tentante, Saeko voulait avant tout gagner quelque chose pour son père par elle-même. Respirant calmement, elle essaya de se reprendre, de ravaler la peine et l'inquiétude qui l'habitaient à chaque fois qu'elle pensait à lui. Tout allait bien. Elle devait y croire. Tout comme elle devait croire à une petite victoire. Elle ne demandait pas grand chose, juste à gagner une fichue peluche ! Même le petit dinosaure lui irait. Il ne lui restait plus que deux jetons. S'empêchant de succomber au pessimisme que menaçait de la gagner, Saeko glissa l'avant-dernier jeton dans la fente de la machine. Cette fois-ci, elle irait plus lentement. Tout était une question de timing, d'après ce qu'elle avait compris. Elle ne devait pas viser la tête, mais plutôt le nœud que les griffes pourraient coincer pour ramener la peluche à elle sans la faire tomber. Saeko espéra que c'était la bonne tactique.

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Avoir observé un autre joueur l'avait aidée à comprendre comment procéder. Quand la pince s'immobilisa au-dessus du gros ourson en peluche, Saeko avait retenu son souffle. Et quand les griffes se refermèrent comme prévu sur le nœud autour du cou de la-dite peluche, elle joignit ses mains devant son visage. L'ours ne tomba pas, et la pince le ramena à elle sans problème, faisant exulter de joie la jeune Japonaise qui en sautilla de joie. Et de soulagement. Elle avait réussi ! Attrapant la grosse peluche, elle la serra contre elle, bêtement heureuse. Elle n'avait gagné que trois prix, mais c'était tout ce qu'elle avait espéré : gagner le gros lot pour son père. Et elle l'avait fait. Bien trop contente, elle en oublia même qu'il lui restait un jeton dans le fond de sa poche, s'éloignant de ces machines à pince infernales, ses deux sachets de bonbons dans son petit sac, et la grosse peluche serrée contre elle.

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