Ban Ha Na | galaxy

30.01.2004 - 20 ans

— galaxy —

Plus je grandis, plus je me dis que c'est d'une nullité profonde, d'être grande.

Où est donc passée la compassion que les adultes ont habituellement pour les enfants, les adolescents, les gens qu'ils dédouanent de leurs responsabilités parce qu'ils ne sont pas assez matures ou informés pour les comprendre ?

Et le soin qu'ils leur apportent ? Toute la douceur qu'ils donnent aux enfants parce qu'ils la méritent, du haut de leur petit âge ? Pourquoi est-ce qu'on n'en mérite plus, tout à coup, alors qu'on en a besoin ?

Parce qu'on sait prendre soin de soi et qu'on sait faire les choses par nous-mêmes ? Et alors ? En quoi est-ce que ça change réellement la situation ? Je pense que je ne m'y ferai jamais, au fait de grandir et de perdre tous les privilèges que j'avais quand j'étais plus jeune.

Certains jettent un mauvais regard sur ceux et celles qui ont encore des peluches alors qu'ils ne sont plus des enfants. Et ? Rangez votre vilaine frustration, si vous n'êtes pas contents. Vous n'aviez qu'à conserver vos peluches et ne pas devenir des personnes aigries. C'est de votre faute, si vous êtes des gens énervants pour tous ceux qui ont encore des peluches.

Et ceux qui sucent leur pouce, alors ? Pire, on les traite de bébés ! Et donc ? Oui, ils ont le droit de sucer leur pouce ou d'avoir encore une tétine. C'est leur problème, c'est leur solution parfois, peut-être, alors ça ne regarde qu'eux.

Voilà pourquoi j'aimerais demander, pour Noël, deux choses.

La première, c'est d'arrêter de grandir et pouvoir continuer à vivre dans ma petite bulle. Loin du jugement des gens, loin de leurs yeux.

La deuxième, c'est de ne jamais avoir à devenir une adulte aigrie qui a jeté ses doudous trop tôt.

codage par me'ow

30.01.2004 - 20 ans

— ball room —

"Princesse."

Sa voix me fait soudainement sortir de mes pensées. J'écarquille brièvement les yeux, assise sur un de ces fauteuils rembourrés et bien trop confortables pour être réels. Mais il est bien réel, semble-t-il, puisque c'est dessus que je me suis visiblement égarée.

Je relève le regard vers mon précepteur. Joo Han. Un homme fiable et droit qui fait toujours très bien son travail, sans doute est-ce pour cela qu'il a été jugé apte à me surveiller.

"Le bal va commencer. Où sont vos escarpins ?"

Je le regarde dans les yeux, puis j'observe bêtement mes pieds. Il est vrai que, pour danser, ils devraient se trouver là. Mais étrangement, il n'en est rien. J'entrouvre la bouche avant de le regarder à nouveau, faisant face à son regard légèrement exaspéré.

"Je ne les ai pas mis ?"

Je tente de me faire toute petite, toute innocente. Si je suis si minuscule que même lui ne peut plus me voir, je ne vais pas me faire houspiller... N'est-ce pas ? Il roule des yeux, avant de finalement tourner les talons et sortir de la pièce, partant à la recherche de cette paire de chaussures disparue.

Je soupire de soulagement. Il s'est contenté de son froncement de sourcils, de son plissement d'yeux habituel. Comme quoi, avoir développé cette technique est un bien.

Bien que n'ayant pas de souliers aux pieds, je me lève dans cette grande robe à froufrous qui retrouve sa belle forme dès que je suis debout. Elle est si belle que je ne la mets que pour de grandes occasions ! Elle est sertie d'un magnifique ruban, dans le dos, qui tombe sur mes hanches. Et elle tourne magnifiquement bien. Une aubaine pour la valse.

Prise d'une pointe de gaieté soudaine, à me voir reflétée dans le miroir, j'y trottine avant de tourner sur moi-même. Que ces robes me vont bien... Comme les escarpins que j'ai perdu, d'ailleurs.

Mais ce cher Joo Han semble avoir plus d'un tour dans son sac et me connaître plus que de rigueur. Car bien qu'ils étaient perdus, un instant plus tôt, il les a dans la main et les dépose au sol.

"Le prince vous attend, princesse, et il ne saura vous trouver en retard."
"Le prince ? Non ! Ne me dites pas... C'est le prince du Pays du Matin Calme ?"

Me voilà bouche bée, alors qu'il attache les escarpins que je viens de glisser à mes pieds.

"Lui-même. Il demande votre main, ce jour, à votre père le roi du Pays de la Beauté Infinie."
"Ma main ? Ciel..."

Une main rejoint mon buste, sur mon cœur. Le prince du Pays du Matin Calme est un homme si charmant, si beau, si bien éduqué... Que je chavire à chaque mention de son nom. Et mes joues ne peuvent que trahir mes pensées, maintenant écarlates alors que je n'ai que peu de fard.

"Contenez vous. C'est un très bon parti et il vous offrira une superbe résidence, une fois au Château. Mais ce bal est crucial, car cette danse sera la seule et unique que vous partagerez ce soir."
"La prochaine fois que nous danserons, nous serons époux."

Juste ciel...

"Joo Han, puis-je vraiment danser ? Me présenter face au prince ?"
"Tout le monde a de très grandes espérances à votre égard, princesse. Cette union est une perspective de grandeur et de paix pour ces deux royaumes."

Une pression s'installe sur mes épaules. Comme celle des livres sur ma tête lorsque j'apprenais à danser la valse, afin de me tenir bien droite et me laisser guider par le meneur de la danse.

Je hoche légèrement la tête. Ce soir, je deviendrai la princesse qui contribuera à l'union de deux des royaumes les plus influents qui soient.

codage par me'ow

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