Huang Liu Xian

Maintenant, il n'y avait plus qu'à la préparer. Après avoir déjà passé autant de temps à trouver une citrouille qui lui plaisait, il était à deux doigts d'abandonner l'atelier, ayant l'impression d'être bien moins proche de la fin que du début. S'il n'avait pas été aussi difficile en matière de courges - il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même pour ça mais il refusait de le faire -, sans doute aurait ce était plus simple et plus rapide.

Mais tant pis.

Il devait maintenant passer à autre chose.

Prenant la citrouille à une main et la fixant autant que possible sur la table grâce à la pression du poids de son corps, il récupéra le couteau qu'il devait utiliser pour retirer le haut de la courge. Il n'avait plus qu'à faire attention à ses doigts, espérant ne pas en laisser un ou deux sur la table en partant de la soirée. C'était dans le thème, certes, mais assez peu pratique.

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Une fois la citrouille correctement décapitée, esquissant un petit sourire satisfait puisqu'il ne venait pas de perdre un doigt dans l'accomplissement de sa tâche, il posa le couteau un peu plus loin pour ne pas s'en embarrasser. Déjà qu'il n'y avait pas énormément de place, ce n'était pas le moment d'en perdre inutilement et il en était bien au courant. Il rendit donc le couteau à ses propriétaires, récupérant une sorte de grande cuillère et un saladier au vol. Puisque maintenant, le but était de vider la courge pour en sortir toute la chair.

L'homme se disait bien que cela n'allait pas être excessivement difficile, sûrement même un peu moins que de retirer le haut de la citrouille avec son couteau. Pas de risque de commettre d'impairs avec une grande cuillère, après tout. Il commença à vider la courge petit à petit, s'attachant à ne pas transpercer la chair - après tout, il avait un peu trop d'énergie à revendre et avait peur que cela se produise.

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L'évidement de la citrouille ne prit pas non plus beaucoup de temps, la tâche n'ayant rien de bien trop technique que l'homme ne pouvait surmonter. Et c'est au bout de quelques minutes qu'il alla déposer la grande cuillère et le saladier, comme il l'avait fait plus tôt pour le couteau, récupérant cette fois un feutre noir pour dessiner un visage sur la courge.

Il dût d'abord réfléchir par deux fois à la forme qu'il souhaitait lui donner, reculant un peu pour essayer de mieux imaginer son art. Allait-il vraiment se contenter de quelque chose de classique ? D'un visage comme celui qui était montré, en guise de modèle, sur une des tables ? Non, loin de là. Il n'allait pas se contenter de si peu.

Sa citrouille devait être si terrifiante que Velvet, la plus téméraire de toutes les filles du groupe à ses yeux, crierait d'horreur et d'effroi en la voyant. Tel était son objectif.

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Il eut un petit rire sadique, à imaginer Carpette hurler de terreur devant sa réalisation, sa création monstrueuse. Il y avait bien peu de chances pour que cela arrive vraiment dans la réalité, en dehors de ses rêves, mais il voulait tout de même bien tenter le coup juste par amusement.

Approchant à nouveau de sa courge, c'est là que débuta son œuvre. Feutre noir à la main, un petit sourire fier sur le visage, il commença à préparer le visage de sa citrouille, laissant libre cours à son imagination pour tenter la création la plus effrayante de toute son existence.

Il prit un long moment pour préparer le visage entier de sa citrouille, reculant de temps à autres pour y apporter quelques ajustements qu'il considérait comme étant nécessaires à la bonne réalisation de son œuvre, finissant par se poser un peu plus loin pour scruter sa création sous tous les angles, en observant tous les détails en vérifiant qu'il n'avait rien raté.

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Enfin, il n'avait plus qu'une seule étape à accomplir, son visage terrifiant maintenant bien en place sur la face de la courge. Le découper pour que les dents, dessinées au feutre, laissent place à des trous béants - qui représenteraient toujours des dents, bien sûr.

Encore une fois, il se permet un petit aller-retour vers les organisateurs pour leur rendre le feutre gracieusement prêté jusqu'ici, récupérant un couteau qui lui permettrait de découper la courge sans la moindre difficulté. Pas besoin d'user de la force, cette fois, et il était même plus que déconseillé de faire usage de trop de puissance.

Il esquissa un sourire en commençant par les yeux, puis le nez, puis la bouche, prenant le temps de finaliser son œuvre avec le plus de douceur et de précision possible. Il était heureux comme s'il donnait naissance à son premier enfant, chose qu'il n'arriverait sûrement pas à faire avant un bon moment.

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