GOO EUNBYUL PARCOURS

tu parles d’une idée en carton. bravo eun byul, bravo. alors joué à la grande en clamant haut et fort que oui elle pourrait affronter une maison hantée en pleine nuit toute seule comme une grande. vilaine menteuse. l’appréhension serre son cœur dans sa poitrine alors même qu’elle n’est que sur le perron. elle sait déjà qu’elle n’aura jamais du monter sur ses grands chevaux et assurer à qui voudrait l’entendre qu’elle avait des ovaire en béton armée. la voilà toute petite devant ce décor de film d’horreur grandeur nature. alors que tout son entourage sait qu’eun byul ne supporte pas ce genre cinématographique. et pas seulement pour leur manque flagrant de scénario. non parce que goo eun byul n’est qu’une trouillarde. elle sait déjà qu’elle va donner un piètre spectacle en ces murs et qu’elle va galérer pour redorer son blason après ça.  elle souffle bruyamment avant de pousser la porte pour enfin entrer.

Ok. C’est pas drôle. La musique lui glace le sange et le gamin en ciré jaune n’arrange pas la situation de la jeune femme. Elle veut faire demi-tour tout de suite. Retrouver l’extérieur la queue entre les jambes. Elle flippe suffisamment pour envisager d’accepter qu’on se moque d’elle pendant plusieurs jours. Tout à fait capable de laisser son entourage rire de son courage inexistant. Parce qu’elle est à deux doigts de la syncope pour un simple gamin et une musique tout droit sortie des enfers. Elle se crispe alors qu’il semble se rapprocher de plus en plus et que ses jeux prennent une tournure inquiétante. Et là c’est le drame. « putain de merde. » dit-elle en voyant le clown apparaître dans la pénombre. Bien trop consciente du dénouement final. Elle commence à avancer de plus en plus vite vers la sortie en gardant l’affreux clown dans la ligne de mire. Pour éviter toute panique inutile. Et quand bien sur il se lance à sa poursuite, Eun Byul prend ses jambes à son coup en hurlant un chapelet d’insultes de son cru personnels. De quoi faire peur aux comédiens par sa capacité à sortir des insultes d’une telle créativité.

son cœur tambourine dans sa poitrine. une seule salle et la jeune femme est déjà pétrie de terreur. non mais vraiment qu’elle idée à la con. elle croit pouvoir souffler quelques secondes en entrant dans la seconde salle mais impossible. le bruit assourdissant d’une tronçonneuse lui vrille les tympans. elle comprend qu’elle n’aura pas une seule seconde de répit avant d’être sortie de cette satanée maison. « bande d’enfoirés. » dit-elle en relevant la tête. et que son regard croise celui de l’imposant homme masqué. « toi je vais pas t’aimer. » elle sourit avec toute l’inquiétude qu’elle peut. les lèvres un peu tordues. on dirait plus une grimace qu’un sourire.  « je vais y aller hein. » elle commence à se frayer un chemin entre les objets jonchés sur le sol. ses yeux restent braqués sur l’homme qui ne tarde pas à avancer en sa direction. « ah non ça va hein ! on m’a déjà fait le coup ! c’est du réchauffé vos salles. » braille-t-elle sans la moindre assurance dans sa voix alors qu’elle accélère le pas avant de de se mettre à courir. elle prend les pieds dans quelque chose. manque de tomber. lâche un juron mais continue sa course vers la porte.

le vacarme incessant de la tronçonneuse résonne encore dans ses oreilles. le bourdonnement est peu à peu altéré. à mesure que la jeune femme reprend son souffle. deux sprints d’affilés. c’est plus que ce que son corps peut supporter. son sang tape contre ses tempes. elle grimace. son mollet lui fait un peu mal. elle sent déjà venir le bleu. de mieux en mieux. eun byul se relève en soupirant. pas du tout prête à affronter la nouvelle pièce. rassurée au premier coup d’œil de ne voir aucun figurant dans un costume effrayant susceptible de lui courir après. mais elle reste sur ses gardes. c’est fourbe ces bêtes-là. elle s’amuse des paillettes qui recouvrent le sol. c’est de très mauvais gout dans une maison hantée. surtout quand des rires glaçants se font entendre. et elle pris sincèrement pour que la propriétaire des ces rires ne se manifeste pas. pour qu’elle ne soit qu’un enregistrement. après peut-être une minute de répit, elle se décide à se remettre en route. moins de temps elle passera dans cet enfer, mieux elle se portera. à la moitié du chemin son corps se détend. on dirait bien que rien de trop effrayant l’attend dans cette salle. et là c’est le drame. elle crie de surprise quand un liquide froid lui dégouline dessus. « mais putain ! » elle accélère pour ne pas rester sous la source de ses nouveaux malheurs. et quitte la pièce sans même regarder ce qui vient de lui couler dessus.

la porte claque derrière elle. eun byul fait une entrée fracassante. Marmonnant dans sa barbe. complaintes et jurons se mélangent. elle est toute poisseuse. et ses fringues sont foutues. tellement accaparée par le liquide qui colle ses cheveux qu’elle ne fait pas attention au nom annoncé par les haut-parleurs. elle s’essuie la joue en grimaçant. du faux sang. bande de gamin. elle ne sait pas encore ce qui l’attend ici mais il peut être sûr qu’il va l’entendre. pas question de se laisser victimiser une nouvelle fois. ça commence à bien faire. eun byul jette un regard brûlant au nouveau protagoniste. elle l’observe dans son costume extravagant. bon ok il a un regard à glacer le sang. « restes à ta place. » ordonne-t-elle en pointant du doigt l’acteur au visage blafard. « sinon je me laisse attraper et je pourries votre costume avec tout ce faux sang. » et elle ne rigole qu’à moitié. aucune réaction. bon. serait-ce un miracle ? après courut pendant deux salles, on lui aurait laissé deux pièces de répit ? ça parait trop beau pour être vrai. elle tente un pas. rien. le figurant garde ses yeux rivés sur elle mais n’amorce aucun mouvement. encore un pas. puis deux. et ainsi de suite. « aurevoir et merci. » lance-t-elle avant de pousser la porte de sortie.