→ open up (future edm) (4 places)

La remontée avait été rapide, trop rapide, beaucoup trop rapide. Du bas du classement... Kohaku était remonté d'une manière qui lui semblait être beaucoup trop simple. Mais cette nouvelle position dans la compétition le rassurait un peu, se disant qu'il n'avait pas travaillé pour rien et qu'il avait une chance de pouvoir rester dans les hauteurs du classement. Retomber dans les derniers... Il n'en était pas question pour le jeune homme qui venait à peine de s'assurer une place plus favorable. Impossible de laisser passer cette chance en or, absolument inimaginable... La jeune idole, qui s'était senti pousser des ailes dès l'annonce des résultats, ne voulait pas finir brûlé comme Icare.

La décision avait été rapidement prise, peut-être un peu trop hâtivement, décidant que Gayoung prendrait la place de leader pour cette mission. Une fille et deux garçons... Mais il n'y avait eu aucune histoire de galanterie, ils la sentaient simplement capable de pouvoir canaliser leur énergie et les mener à bien. Avec Yu Know, ils avaient hoché la tête mutuellement après un moment de réflexion, l'idole de la Wanderlust ne se sentant pas de prendre ce poste en main avec tout ce qui se passait dans son groupe, ils avaient tendu la main vers Gayoung avec bienveillance, prêts à travailler dur à ses côtés. C'était avec le sourire aux lèvres que Kohaku s'était alors relevé, heureux d'avoir mis au point cet élément important et même essentiel, prêt à voguer vers de nouvelles occupations et préoccupations.

Et bon Dieu... Que la mer était houleuse. Les premiers entraînements avaient été difficiles, plus difficiles que ce que la jeune idole avait pensé. Était-ce parce qu'ils étaient tous mauvais en danse ? Était-ce parce qu'ils n'y mettaient pas assez du leur ?Mais ce n'était pas suffisant pour que Kohaku se rende compte de toutes leurs erreurs. Il avait toujours été un piètre danseur mais cette fois-ci, il s'était même mis à balbutier, incapable de se souvenir de certaines de ses lignes. Et devant les professeurs... Il avait pris une véritable douche froide. Ses mains s'étaient mises à trembler quand il avait entendu les commentaires des professeurs.

Il fallait qu'ils acceptent la réalité. Ils n'étaient pas prêts. Ils n'étaient prêts pour rien. Face aux autres, à ce moment précis, ils n'étaient que des "bons à rien".

Le retour dans la salle d'entraînement avait sans doute été le moment le plus difficile pour Kohaku. Le ton était monté d'un cran à cause de l'agacement général, cette sensation incroyable de frustration qui lui avait fait monter les larmes aux yeux, qui faisait trembler ses mains. Ils étaient tous fautifs, mais il ne pouvait s'empêcher de sentir de la rancœur envers Gayoung. Mais au final, n'était-ce pas lui qui avait poussé la jeune demoiselle à les diriger ? Avec Yu Know, n'avaient-ils pas été eux-mêmes à l'origine de leur perte ? Il n'avait pas pu s'empêcher de pleurer à chaudes larmes dans la salle d'entraînement, se réfugiant dans le col de son sweat. Lui qui s'était pourtant envolé... Il venait de tomber plus bas que terre, en plein dans la réalité.

Dans son esprit, après la rencontre avec les professeurs et ce moment difficile dans la salle d'entraînement, il avait ressassé encore et encore toutes les paroles jusqu'à la crise d'angoisse. Mais même avec les mains tremblantes, les yeux rougis et les muscles tétanisés, il avait fini par retrouver un semblant d'optimisme, un semblant de réconfort. Ils pouvaient reprendre les choses en main... Ils devaient le faire sous peine de tout perdre. « O... On va changer tout ça, d'accord ?... On va tout remettre en place et on va réussir à sortir une bonne performance... » Il avait besoin de se rassurer. Il avait besoin de dire qu'au fond, tout n'était pas perdu et qu'ils avaient une chance, encore une. Il fit rouler ses épaules, il se releva et se força à se reprendre. Maintenant, il était le leader du groupe. Il devait travailler aussi dur, voire encore plus dur, que Gayoung et Yu Know.

« A partir de maintenant, il faut qu'on travaille aussi la nuit. Même si vous avez mal, même si vous êtes fatigués, ne lâchez rien. » Ne rien lâcher. Il ne fallait absolument rien lâcher pour se donner une véritable chance. Ces mots d'ordre avaient fini par l'obséder et plus un seul moment de la mission n'était laissé au hasard. Plus question de rater un seul pas de danse, de bafouiller sur une seule ligne... Chaque fois que Gayoung et Yu Know tombaient, il était là pour les relever et les pousser à aller jusqu'au bout. Et chaque fois qu'il regardait les pas de danse du groupe dans le miroir, il ne gardait plus la tête baissée. Il avait les yeux rivés sur le moindre angle, le moindre détail.

Les yeux rivés vers un avenir où tous les trois auraient une chance de montrer le meilleur d'eux-mêmes.

Tous les élèves semblaient fébriles alors qu'ils découvraient leurs classements, arrivés à la moitié de l'aventure. Les cordes vocales avaient été usées, les muscles étaient tiraillés des heures de répétition, les heures de sommeil en déficit commençaient à se faire voir sous tes yeux, en deux arcs de cercle sombres. Arriver troisième était une chanson inouïe, qui ne te ressemblait bizarrement pas. Tu savais qu'il y avait déjà des favoris dans la compétition : Chaeyeon, Morgan... Perchée dans les hauteurs du dernier classement, tu avais l'impression qu'on t'avait coupé l'herbe sous le pied. Pourquoi toi ? Tu n'avais pas la réponse, alors tu te contentais de fixer le vide, soucieuse, perdue dans tes pensées.

Assise avec Kohaku et Yuknow pour la quatrième mission, tu restais absorbée dans ta réflexion. Après les trois premières missions, tu avais fini par te dire que tu avais l'occasion de travailler avec quasiment tout le monde. Des dynamiques de groupes totalement différentes, des caractères, des rires, des talents, une palette. Seule demoiselle du trio, tu acceptais la proposition de te nommer leader, tu aspirais à pousser ton groupe, à revoir ces faibles étincelles. Sans doute que tu étais idiote et que tu surestimais tes capacités, aveuglée par une victoire personnelle temporaire.

Alors que tes iris balayaient la salle d'entraînement, tu hésitais, souriais nerveusement vers tes camarades, qui comptaient sur toi. Tu tentais de garder ce sourire de façade qui t'aidait à te tenir droite alors que tu sentais que le monde s'écroulait, qu'il te filait entre les doigts. Tu te montrais rassurante, mais la réalité était autre. En face des professeurs, ton cœur tambourinait dans ta poitrine, figée face aux critiques qui étaient lancées, comme un faon dans les phares d'une voiture. Tu hochais la tête en serrant les poings, le menton bas, sans réussir à détourner les yeux de la réalité, sans trouver des mots d'excuse pour justifier ton incapacité.

Trois silhouettes dans la salle d'entraînement, tes bras entourant tes jambes pour te protéger du silence oppressant. Lorsque les mots vinrent, ils éclatèrent jusqu'à tes oreilles. Le stress, le désespoir, la rage. Tu pouvais tous les sentir sur la langue acérée de Yuknow, mais tu ne trouvais rien à répondre, parce que tu savais au fond de toi, qu'il avait raison. Que tu aurais dû t'en rendre compte plus tôt par toi-même, que ce n'était pas pour toi, que c'était ta plus grosse erreur, et celle qui te coûterait le plus.

« Je ne peux pas, je n'y arrive pas. Je suis désolée. » Tu avouais sans réussir à croiser les regards des garçons. Tu voulais fuir, disparaître, mais tu leur devais au moins de donner le meilleur de toi-même pour te racheter. C'est alors que Kohaku intervint, et c'est avec un sourire de soulagement que la responsabilité du leader lui fut transférée. Tu aurais préféré te cacher, quelque part, dans un coin, mais tu ne pouvais pas les décevoir encore lus, ça n'aurait pas été juste. Alors lorsque la pointe de l'aiguille dépassa minuit, tu ne rejoignais pas ton carrosse, non, tu t'accrochais, pour Yuknow qui s'entraînait comme si sa vie en dépendait, pour Kohaku qui ne voulait pas laisser s'échapper sa chance. Même lorsque tu te sentais défaillir à cause des mouvements de danse qui t'épuisait, de ta carrure qui ne te conférait aucune endurance, tu te laissais choir sur le sol, mains sur ton visage, et tu te relevais. Encore et encore. Pour que le jour de la performance, et pour qu'à l'avenir, tu n'ai plus rien à regretter.