(litgaram) si je tombes, tu tombes !

J’avais peu de souvenir de la dernière fois où j’avais fait du ski, mais ça n’était pas plus mal. Si j’avais bien compris, Louis n’en avait jamais fait non plus, et ça me convenait très bien. Au moins, on se casserait la gueule ensemble, c’était presque romantique. Presque, oui, parce qu’à vrai dire, on risquait surtout d’être sacrément ridicules, l’un comme l’autre. « Un surligneur dans la nature, ça devrait leur plaire. » Un rire fila entre mes lèvres. Même si, à vrai dire, j’avais quelques doutes sur la présence des fans dans cet endroit. Quoique. Tout était possible, quand on y réfléchissait. « Bon, normalement le télésiège est par-là… » Le tire-fesse, c’était pour la piste pour enfant, et on n’était pas des enfants, pas vrai ? On allait commencer par une piste un peu plus compliquée, mais j’avais envie de croire qu’on n’allait pas non plus se casser la gueule trop facilement. Après tout, tenir debout, ça aurait déjà été pas mal. J’avais sorti les pass que j’avais récupérés avant de lui en tendre un. « Tiens, ça c’est le tien je crois. » Il semblait y avoir pas mal de monde sur place, mais nous n’étions pas non plus trop loin de l’entrée, vers laquelle je m’étais rapidement dirigé.

« Ça dépend, si t’étais un power ranger ça moulerait ton joli cul. » Quoi ? Moi ? J’avais rien dit du tout, quiconque osait prétendre le contraire avait totalement tort. D’ailleurs, voilà que je riais à nouveau, reposant les yeux sur lui, avant de l’accompagner jusqu’au télésiège. « Pffff. » Le pire, c’est que je n’étais même pas en train de juger sa blague, elle était juste bêtement drôle. Il était comme ça, après tout ; à croire qu’il exerçait une certaine influence sur moi, depuis quelques temps aussi. « Ils sont doués hein ? » J’avais souri en reposant les yeux sur les skieurs qui dévalaient en-dessous de nous. Autant dire que je n’étais pas aussi bon qu’eux… Enfin, je n’étais pas non plus le gars la moins doué du coin… Je ne voulais pas y croire. « C’est loin des montagnes, là où tu vivais avant ? »  Il ne connaissait pas bien la France, malgré tout ce qu’il avait pu apprendre à l’école, et il devait bien avouer qu’il s’y connaissait encore moins. « J’ai un collègue qui m’a dit qu’il était allé là-bas et qu’il avait mangé de la Tarnuflette. » C’était ça le nom, non ? Je n’étais plus certain, tout d’un coup. À se demander si les français ne le faisaient pas exprès d’avoir des noms aussi compliqués pour leur nourriture.

« Oh non c’est une catastrophe ! » Pas vraiment, mais j’avais entouré mon visage de mes deux mains, prenant un air effrayé, avant de lui faire un petit clin d’œil. « J’aime bien l’idée. » Et voilà que je riais à nouveau, avant de reposer les yeux sur le paysage qui nous entourait. On pouvait voir quelques personnes dévaler les pistes à toute vitesse (j’espérais qu’ils n’allaient pas se blesser malgré tout, j’en avais vu un se prendre un arbre quelques minutes plus tôt). « Ah ouais ? Faisait chaud ? » Non parce qu’on se le dise, on n’avait pas vraiment parlé de l’endroit dont il venait, et ça me posait parfois question. J’avais besoin de savoir d’où il était arrivé. C’était une grande part de lui, après tout, quoi qu’on en dise. Je souris en reposant les yeux sur son visage face à son geste, avant de rire de bon cœur en l’entendant me corriger. « Quoi t’aimes pas ma version ? » Mais si j’essayais de le dire correctement, pour une fois ? Peut-être que j’aimais un peu trop qu’il me corrige, si je devais être honnête… J’avais souri avant de hocher la tête. « C’est un fromage spécial ?? » C’était quand même incroyable, d’être cuisinier et de ne pas connaître toute la cuisine du monde… Bon, pour ma défense, je m’y connaissais très peu en fromage. « Dans une épicerie d’europe peut-être ? » Est-ce que ça existait, d’ailleurs ? Certainement. On trouverait.

J’espérais que le temps allait permettre à Louis de se sentir bien ici, à l’autre bout du monde… Après tout, quand on regardait l’endroit d’où il venait, ça l’était un peu. Les choses devaient être très différentes. Une autre culture, des autres habitudes… Mais j’avais envie qu’il se sente chez lui, ici, avec nous. Avec moi, égoïstement. Après tout, il était mon petit ami, et je n’avais pas envie qu’il soit malheureux à jamais en Corée du Sud. « Oh je vois. Je savais pas. » Autant dire que mes connaissances du paysage français étaient… limitées. J’avais ri doucement avant de reposer les yeux sur les pistes, continuant à attendre qu’on arrive au sommet. « Oh non encore un mot compliqué. » J’avais essayé de réaliser quels sont il avait utilisé. « Du replochon ? » Non, vraiment, je n’allais jamais réussir à retenir. « Parle-moi français ! » Parce que soudainement, j’avais envie de l’entendre. Je réalisais que je n’en avais pas vraiment eu la chance, jusqu’à aujourd’hui. « Yep, allons y. » Je me laissai glisser hors du siège, faisant attention à ne pas perdre l’équilibre, jusqu’à m’arrêter en sécurité. « Ça va être si cool. » J’avais regardé les pistes en souriant. « Bon je vais essayer de te rendre en un morceau à ton manager, promis. »

Un sourire tendre était venu fleurir à mes lèvres à l’idée de Louis, et j’avais très vite hoché la tête. « Oh oui ! Je suis tellement curieux. » Après tout, même si c’était une partie douloureuse de sa vie, cela faisait toujours partie de lui, et pour cette simple raison je ne pouvais pas me permettre d’agir comme si elle n’existait pas. Louis était un tout, une personne avant celui qu’il montrait aux autres, et j’avais envie de découvrir tous ces aspects de sa vie.

« C’est parce que je veux être capable de te séduire en français, ça. » Un rire m’était venu et j’avais reposé les yeux sur Louis, avant de l’écouter chanter. Puis, mon sourire s’était étiré. « J’ai absolument rien compris, mais ça avait l’air génial. » J’espérais quand même qu’il ne m’avait pas insulté, sinon ça aurait été vraiment dommage. Je ne pouvais pas me mentir : le français n’était clairement pas une chose pour laquelle j’étais bon, et avant de rencontrer Louis, la seule chose que j’étais capable de dire était le nom de plats chelou que j’avais oublié aussi vite qu’ils me venaient à l’esprit.

J’étais descendu sans perdre de temps avant de chercher Louis des yeux. « Ça me va aussi, mais fais attention quand même ! » J’avais ri avant de me redresser. « Tu veux faire laquelle, du coup ? » Après tout, les pistes étaient nombreuses et on pouvait passer des heures à les remonter et les descendre.