brutally soft woman (nawoo)

Le visage de Kiwoo semble être une véritable palette d’émotions, tanguant sans cesse d’un extrême à l’autre et imaginant facilement combien il devait avoir le mal de mer. Comprenant son stress et le malaise qui le prenait tout entier. Le sentiment d’injustice aussi, et la peur qu’il avait à son égard, quand bien même elle n’était pas justifiée. Se rendant compte du gouffre qui les séparait dans ces moments-là alors qu’elle avait tant cherché à le combler… en vain. Mais n’avait-elle pas actuellement une nouvelle opportunité ? Elle espérait… oui, sans doute espérait-elle secrètement que cette discussion les rapprocherait. Rien qu’un peu. Qu’enfin elle pourrait être pour lui une épaule sur laquelle se reposer. Un brise légère sur cette route solitaire qu’il s’était tracé.

Ne pouvant s’empêcher de sourire lorsque le fameux prénom est enfin énoncé, le nom du groupe lui permettant d’y associer un visage, bêtement rassurée de savoir qu’elle se trouvait dans la même agence. Ce serait tellement moins compliqué… « Je savais que mon fils avait bon goût, il a choisi la plus jolie. » L’esquisse d’un sourire tendre, n’ayant pas réfléchi à ses propos et son ventre se contractant un traître instant avant de se relâcher. Tant pis si ça ne lui plaisait pas… Pour elle, ça avait toujours été ainsi. Elle avait l’habitude d’aller contre l’avis des gens. De forcer les autres à lui faire une place et se sentir rejetée. Elle ne connaissait pas l’abandon, sans doute. Et peut-être était-ce mieux, si c’était pour le voir s’ouvrir ainsi par la suite. « J’apprécie que tu t’excuses, même si j’ai toujours su que tu étais un gentil garçon. » Elle ne lui en voulait pas, elle ne comprenait que trop le statut dans lequel il se trouvait. Elle aussi avait été idole. Elle aurait pu connaître la même chose… Heureusement - ou malheureusement -, elle n’avait jamais eu de réel coup de cœur.

Ce qui suit ne lui plaît cependant guère, l’écoutant sagement tandis que les sourcils se froncent à mesure que les mots défilent, le sachant torturé mais… Ne comprenant décemment pas pourquoi il pensait ainsi. Ne lui avait-elle pas assez montré tenir à lui ? Avait-elle failli dans son rôle de manager ? Elle n’était plus très sûre de rien, préférant soupirer un grand coup pour laisser la pression l’abandonner. « Est-ce que je parle une autre langue que toi ? » C’était à se demander, plantant ses obsidiennes résolument dans les siennes alors que ses doigts tapaient en un rythme régulier sur la table. « Je suis ton manager, oui, et alors ? Ne viens-tu pas de dire que je n’étais ni méchante, ni sévère ? » Il se contredisait. « Mon rôle, c’est de vous guider et de vous aider, pas de vous empêcher de vivre. C’est toujours ainsi que j’ai vu mon métier et je ne l’aurais pas choisi s’il en avait été autrement. » Ça ne l’intéresserait aucunement de jouer la police ou les rabat-joie. « Je tiens à toi, Kiwoo. Tu es important à mes yeux quand bien même je ne le suis pas aux tiens, et ça ne me dérange pas de t’aider. Comme je ne me force en rien et ne suis pas gentille pour une raison particulière. J’ai juste envie de l’être. Ou je suis ainsi, peu importe ? Alors cesse de croire que tu es un fardeau et que tu peux tout régler seul et accepte mon aide, ok ? » S’il lui fallait être cash et bien soit, elle l’était. Elle ne voulait juste plus l’entendre déblatérer pareilles âneries, préférant boire une énième gorgée et décompresser avec une bonne dose de sucre. « Maintenant si tu as terminé ton chocolat, va la voir. Je ne te dérange pas plus. » Il en crevait d’envie et elle n’avait pas la moindre raison de le lui refuser, lui souriant doucement avant de reporter son regard sur le paysage enneigé.

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