the disadvantages of being dead (hyunbi ♥) ((+18))

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Elle n’avait pas l’habitude de céder à la colère, Dambi. Bien trop fière. Bien trop insensible d’ordinaire, ayant de toute façon toujours eu ce qu’elle voulait, la plupart du temps sans le moindre effort. Un claquement de doigt, une simple demande, quelques billets ou son corps légèrement dénudé… Elle avait toujours eu une certaine aisance à obtenir ce qu’elle désirait et y avait veillé. Ne supportant pas qu’on lui dise non. Encore moins qu’on la rejette. Mais qui oserait ? Elle s’était cru à l’abri. Et puis il était arrivé lui. Lui avait fait croire qu’il était sien. Lui avait fait miroiter tant de choses et… S’était enfui un beau jour, sans un mot. Sans une explication. Laissant un vide au seul endroit où elle avait jamais laissé de la place. Infime, sans doute. Niée et masquée à la vue de tous. Mais bien présente, tant qu’elle avait senti le trou la happer au fil du temps et appuyer sur ses insécurités. Celle qu’il faisait aujourd’hui ressortir sans qu’elle n’ait le moindre contrôle sur la situation. Sa rage faisant épée et bouclier. Ne se rendant nullement compte qu’à ainsi s’énerver et lui dire à moitié ce qui l’avait blessée, elle se vendait elle-même. Elle s’exposait. Comment le verrait-elle ? Elle n’aurait jamais cru avoir en elle une part de vulnérabilité. Ou était-ce lui, sa faiblesse ? L’un comme l’autre, elle nierait avec ferveur.

Aussi lorsqu’elle finit essoufflée sa tirade, le cœur brisé et l’âme en miettes, n’attendant plus que le coup fatal pour tirer un trait définitif sur une relation qui n’était déjà plus que chimère, elle ne s’attend à rien que de la douleur. Des mots bruts. Une vérité tranchante. Un rejet pur et dur de sa personne pour la première fois de sa vie. Demandant ce râteau, hurlant qu’on lui arrache ce cœur pour qu’enfin cesse l’affliction qu’il faisait naître en elle. Tout serait plus simple ensuite, lorsqu’elle n’aurait plus rien à faire avec lui, pas vrai ? Ce ne serait que passager. Alors pourquoi tremblait-elle, ne réussissant à masquer son trouble qu’en enfonçant plus encore son ongle dans la chair ? Elle ne devrait pas avoir peur. Il ne s’agissait que de Hyunwoo. Il n’était que… Elle ne savait même plus ce qu’il était, s’en fichant bien. Il ne la méritait. Il ne la méritait pas et il… Souriait. Il souriait et s’excusait. Quelle était donc cette sorcellerie ? Pourquoi ? Comment ? Dans quel contexte ?? En une phrase il avait soufflé toute sa rage comme on éteint la mèche d’une bougie, momentanément aveuglée par la fumée dansant devant ses prunelles et asphyxiant sa poitrine déjà à l’agonie. Incapable de détourner le regard, ce dernier si pénétrant que le simple fait de ciller serait une défaite. Incapable de prononcer la moindre syllabe intelligible, sa bouche s’ouvrant et se refermant aussi sec. Il avouait mentir, mais elle se retrouvait encore plus paumée. Comme s’il ne parlait pas de la même partie. Comme s’il démentissait ses dires alors que pourtant il semblait avouer ce qu’elle lui demandait. Si elle l’avait trouvé crédible ? Sur quelle partie ? A quel moment ? Elle aurait aussi bien pu hurler non que son cerveau penserait oui et inversement. Si sûre au début, puis noyée sous les incertitudes. Croyant le connaître mais percutant le mur. Elle ne savait plus guère ce qui était vrai ou faux. Elle avait cessé de chercher, trop pressée de partir. De se soustraire à sa présence qui la faisait sentir plus mal que jamais.

Et maintenant il lui parlait d’amour… Contractant son myocarde douloureusement, écarquillant ses prunelles d’un effroi si visible et tranchant avec ses expressions habituelles qu’elle se sentit devenir la proie. Pourquoi lui demandait-il si elle savait ? Non. Non, elle ne savait pas. Elle ne connaissait pas ce sentiment. N’y avait jamais goûté, ne l’avait même jamais entraperçu, y ayant veillé personnellement. Mais était-ce d’elle ou de lui qu’il parlait ? Et si c’était de lui, était-elle l’erreur ? Il avait beau être calme et sa voix basse, les coups étaient tout autant portés. Coincée dans cette pièce. Pétrifiée par son regard qui tentait de sonder cette âme qu’elle croyait si forte auparavant qu’elle n’y voyait nul besoin de la cacher. Si honteuse aujourd’hui qu’elle aurait tout donné pour pouvoir la camoufler. Oui, elle savait ce qu’était le désir. Comme elle savait désormais ce qu’était le refus. Pourquoi continuait-il de la mitrailler ? Pourquoi lui rappelait-il encore et toujours qu’il l’avait laissée ? Il le ferait de toute façon une nouvelle fois lorsqu’il aurait fini de parler, alors à quoi bon toute cette tirade ? Elle n’y tenait plus à tant ressentir si puissamment en une période si courte. La tête lui tournant, sa température lui jouant des tours. Avait-elle chaud ou froid ? Et cette nausée… Elle voulait que tout cela cesse. N’écoutant qu’à moitié la suite et peinant à en comprendre le sens. Il lui dirait mais ne le pensait pas ? De quoi ? Elle, avoir mal par sa faute ? Certainement pas. Même au bord du précipice, les jambes flageolantes et les pupilles clignotant, elle nierait avec ferveur. Elle ne lui octroyerait pas ce pouvoir sur elle.

Alors elle le regarde sans comprendre, lorsqu’il lui avoue sa versatilité. Lorsqu’il lui dit de choisir elle-même une version, comme si cela résoudrait tout. Comme si cela en rendrait une plus valide que l’autre. C’était vraiment n’importe quoi et elle ne voulait plus guère l’écouter, retirant son ongle et baissant ainsi les armes, trop fatiguée. Est-ce ce moment qu’il choisit pour lui asséner le coup fatal ? La voyant si vulnérable qu’il crut bon lui faire miroiter l’aimer à en crever ? Sa respiration se bloqua à cette simple évocation, ses orbes s’écarquillant de terreur tandis qu’elle faisait plusieurs pas en arrière. Sentant la situation lui échapper pour de bon. Ayant vraiment l’impression d’être enfermée et traquée dans cette pièce. Qu’est-ce qu’il racontait encore ? Comment pouvait-il si simplement lui…? Non, elle avait mal entendu. Non, ce n’était pas vrai. Il ne… Elle ne… Le myocarde pulse contre sa poitrine, si virulent qu’elle ne serait pas étonnée qu’il la déchire pour s’en échapper et courir jusqu’à lui. Appuyant son dos contre la table alors qu’elle sentait ses jambes la lâcher, passant une main tremblante dans sa chevelure, n’arrivant décemment plus à cacher quelconque trouble. Etait-il l’Enfer ou le Paradis ? La barrière entre les deux semblait si mince aujourd’hui… Qu’elle ne savait plus qui des deux était le bourreau et la victime. Peut-être étaient-ils les deux. Peut-être n’étaient-ils fait que pour se déchirer après tout. « Je suis l’erreur, pas vrai ? » Sa voix est faible, simple murmure, ne la reconnaissant même pas, elle d’ordinaire si directe et assurée. Détestant avoir à le confirmer. Mais détestant plus encore essayer de gommer le passage sur l’amour. Ce n’était pas elle. Ce n’était pas elle !!! Se forçant à retrouver son regard, à redresser la tête et parler sur un ton plus intelligible, sa faiblesse sans doute visible mais fidèle à ses principes. « Et toi, t’es heureux ? De rester figé dans le passé ? De te fixer sur une réponse et te refuser à faire quelconque pas parce que tu pourrais être blessé ? » Est-ce qu’elle le jugeait ? Comment le pourrait-elle… Elle était la même, quoiqu’elle avait tenté de l’obtenir par des moyens détournés. « Est-ce que c’est plaisant de te laisser gouverner par la peur ? Vivre dans de continuels et si sans jamais savoir ce que tu obtiendrais. Et si tu te trompais ? Et si à continuellement tourner en rond et refuser ce que tu veux, tu perdais simplement ta seule chance de l’obtenir ? Est-ce que ça vaudrait quand même le coup parce qu’il vaut mieux vivre une vie insipide que faire face à la douleur ? » C’est là qu’ils divergeaient. Là que résidait sa seule et unique force au fond. Prête à le rejeter pour de bon. A se faire du mal et se planter elle-même le poignard si cela signifiait pouvoir passer à autre chose par la suite. Sans se douter qu’elle n’y arriverait pas. Mais au moins aurait-elle essayé, ne pouvant s’imaginer que c’était ce qu’il avait fait lui-même autrefois. Qu’elle l’avait blessé plus que par un oubli ou quelques manques d’attention. Si aveugle, au fond…

« Je refuse de choisir. » Catégorique, se redressant de toute sa hauteur puis s’aidant de ses mains pour se soulever et s’asseoir sur la table, signifiant que s’il comptait rester devant la porte, qu’il le fasse. Pour une fois, elle était prête à patienter. « Pourquoi le ferais-je ? Il n’y a pas de vérité là où il y a un choix. » Puisque deux versions inverses ne pouvaient être justes à la fois. S’il l’aimait n’était-il pas indifférent et inversement. Elle avait beau tout ignorer de ce sentiment, elle n’était pas non plus bête à ce point, accrochant ses doigts au bord de la table et ses prunelles aux siennes, voulant montrer sa détermination quand bien même le courage manquait cruellement pour une fois. Au moins pouvait-elle faire illusion. « Choisis ta propre version et donne la moi. Mais choisis bien, je n’accepterai qu’une seule réponse jusqu’à la fin. » Comme toujours, c’était elle qui donnait les règles, déposant ses conditions en souveraine quand il pouvait juste se retourner et passer la porte. Mais dans ce cas… Dans ce cas, la réponse se ferait d’elle-même. « Et quelle qu’elle soit, tu devras en assumer les conséquences. » Un bref silence, inspirant pour continuer, n’ayant jamais eu autant de mal à s’imposer. « Si tu choisis la première, nous passerons tous les deux cette porte en inconnus et je te laisserai définitivement vivre ta vie. Il n’y aura plus de Dambi. Plus de souffrance. Plus d'erreurs ou de et si. » Ses doigts qui se contractent sur la table, un éclat de tristesse venant se ficher dans ses obsidiennes tandis que son ventre se noue, ayant l’impression qu’on entortillait son cœur avant de l’essorer tout bonnement. Pas sûre de pouvoir assumer ses paroles mais bien obligée, mettant un point d’honneur sur ces dernières. « Si tu choisis la seconde, en revanche… » Quoi ? Que se passerait-il ? Elle ne lui dirait pas les mots qu’il voulait entendre. Elle ne lui promettrait pas non plus qu’elle se tiendrait. Ce serait mentir. « Tu seras mien. » Déclaration abrupte, sa franchise toujours aussi tranchante, ne cherchant nullement à cacher ce qu’elle lui offrait dans un cas comme dans l’autre. « Je n’ai pas pour habitude de tergiverser et je me refuse de partir perdante alors, oui, tu peux avoir peur. Parce que je ferais tout pour que tu cèdes, qu’importe si tu fuis, me rejettes ou mens. » Voulait-elle l’en dissuader ? Elle-même n’en était pas bien sûre, mais elle voulait que les choses soient claires. Qu’il n’ait aucun moyen de dire dans un cas comme dans l’autre qu’elle ne l’aurait pas prévenu. « Et tu sais que mes moyens ne sont pas bien catholiques. » Un fantôme de sourire, tentant vainement de détendre tous ses muscles contractés à l’extrême. « Alors dis moi, que veux-tu ? » Qu’elle l’oublie ? Ou qu’elle le prenne en chasse ? Dans un sens, il devrait être honoré, sans s’en rendre compte, elle avait avoué ouvertement lui accorder de l’importance. Le désirer. Dans l’autre… Qui voudrait d’un jeu aussi tordu ? Elle ne se faisait pas d’illusions. Elle pensait juste qu’ainsi, elle aurait gardé le contrôle. Qu’elle n’aurait rien à regretter. Que cette fois elle le regarderait partir la tête haute plutôt que de l'attendre et espérer.

Le fait de révéler ses sentiments aussi directement serre sa poitrine d’une anxiété certaine. Il a tout à perdre. C’est ce que lui répète son esprit en se rappelant des mots qui lui ont échappé. Que peut-elle en faire ? Il sait qu’elle ne les partage pas. Elle ne les partageait pas, les lui déclamant autrefois dans le vide, et il peine à imaginer qu’elle puisse les partager un jour. Mais il suppose qu’il a fait ça pour lui. Sans penser à la seconde d’après, sans penser à la seconde d’avant. S’il n’attend rien de sa part alors il ne pourra jamais être déçu. Et que pourrait-il attendre de toute façon ? C’était ce qu’il avait fait. Lorsqu’il était passé avec Daeun devant lui, mû d’une faiblesse passagère. S’accrocher à un espoir vain et qui n’avait fait que lui lacérer le cœur, vu les conséquences. Sûrement devrait-il abandonner le fait de vouloir quoi que ce soit. Vivre seconde à seconde et se contenter de ce qui est lancé en sa direction… c’est ce qui semble nécessaire à sa survie lorsque Dambi est dans les parages. Jamais capable de comprendre ses réactions et de deviner où elle va aller. Incapable de savoir ce qu’elle trouvera d’autre pour justifier il ne sait quoi. Au moins laisse-t-elle sa main retomber, lui épargnant un peu de la douleur et lui permettant de respirer un peu plus librement. Il la sent se reculer. Un peu plus d’espace.

Il ne comprend pas sa question. L’erreur de quoi ? Ses sourcils se froncent d’incompréhension. Hyunwoo ne sait pas à quoi elle fait référence, ne se rappelant pas avoir utilisé un tel mot. Il ne peut que poser un regard peiné sur sa silhouette, prêt à devoir subir à nouveau la réaction qui viendra, la sachant d’avance violente. Elle ne fait rien dans la demi mesure. Rien. Tout. Il se dit qu’elle doit être forcément épuisée, à naviguer sur des vagues si immenses. Il remarque quelque chose de différent dans son regard mais ne saurait le qualifier. Lorsqu’elle rouvre la bouche, le discours reste le même. Elle vient l’attaquer à nouveau. Il n’a aucune envie d’écouter ce qu’elle lui dit. Il est fatigué de devoir écouter ces reproches hypocrites. Hyunwoo ne peut que fermer les paupières et la laisser s’essouffler, puisque c’est ce qu’elle semble désirer. Tentant d’ignorer l’énervement qui naît à nouveau dans sa poitrine de voir la situation ne pas bouger d’un poil. Il aurait été naïf de toute façon, d’imaginer un changement si brut et soudain. Il ne peut s’en prendre qu’à lui même.

Lorsqu’elle lui exprime son refus de choisir, il ne peut s’empêcher de soupirer, une esquisse amusée tenant les coins de ses lèvres. Il aurait dû s’en douter. Ou peut-être aurait-il se douter que les choses ne seraient pas aussi simples. Mais que peut-il faire de plus ? Sa tête lui tourne. Plus elle parle et plus il est confus sur ce qu’elle semble vouloir. Rien de ce qu’elle fait ne fait de sens à ses yeux mais il suppose que c’est juste l’expression la plus pure de son être : elle non plus, ne doit pas vraiment le savoir. Ses doigts qui se resserrent et son sourire qui grandit. Elle ne l’écoute pas. Est-il obligé de lui répéter ? Est-elle obligée de lui mettre cette muselière illusoire et s’appeler son maître ? Que retire-t-elle de cet absurde contrôle qu’elle tente de reprendre sur la situation ? Ses paupières se rouvrent. Son regard est las. Résigné. Il n’a pas envie de jouer à son jeu. Il n’a pas envie de suivre ses règles. Il n’avait fait que ça autrefois. Et qu’en avait-il retiré ? Un trou de plus en plus béant dans son cœur, au fil du temps. Et il ne comprend pas. Il comprend encore moins pourquoi elle s’accroche à cette idée ridicule. Qu’il soit à elle. Doit-il lui appartenir ? N’est-il qu’un simple objet ? Quelle satisfaction en retirerait-elle s’il cédait ? Il n’a pas envie d’entretenir ses fantasmes. Tout ce que ça lui apporterait de dire oui, c’est de souffrir à nouveau. Et il voit mal un scénario où elle, accéderait au bonheur dans ces conditions. Il ne la comprend pas. Il ne la comprend pas du tout.

« Je ne veux rien de tout ça. » finit-il par murmurer en se redressant à peine, pour cesser d’être collé de cette façon à la porte. Un silence qui s’étire et ses paupières qui se referment un instant. Un soupir. Une main passée dans ses cheveux et son corps qui se redresse un peu plus. Un regard, sérieux, ferme, qui vient bientôt se planter dans le sien. « Tu ne cesse de me déclamer ce que je suis, en mots et attaques plus blessantes les unes que les autres. Je te dis que tu te trompes. Et alors même que je viens de le dire, alors même que... » Il doit s’arrêter pour tenter de souffler. La blessure grandissante dans sa poitrine. Oui. Il a beau ne pas la percevoir comme une femme méchante, il peine à rester entièrement insensible à toute la peine qu’elle s’efforce de lui causer. Cette impression que même lorsqu’il fait de son mieux, cela tombe dans de sourdes oreilles. Est-ce que ça sert à quelque chose ? L’envie de tout abandonner revient l’étouffer dans un étaux. Il est fatigué. Il a juste envie de rentrer et de ne plus la voir. Mais il sait… que cela ne ferait que repousser l’échéance. Que ce qu’il n’affronterait pas maintenant il l’affronterait plus tard. Il doit se faire violence et se dépasser mais c’est si… dur. « Fais ce que tu veux, Dambi. » finit-il par déclarer, les sourcils froncés dans une expression peinée. « Si toi tu veux jouer à ce jeu, si toi tu es heureuse d’imaginer tout ce que tu viens de me déclamer alors que veux-tu que je te dise ? Joue. Évertue toi. Tente de me faire céder, si c’est ce qui te motive. Même si je ne comprends pas, ce que tu en retirerais. » Il serre nerveusement les doigts. Tente de calmer ce cœur qui bat si rapidement au fond de sa poitrine. Un silence s’étire avant qu’il ne force à nouveau les mots, en dehors de sa bouche. « Moi je ne veux rien. » répète-t-il entre ses mâchoires serrées, « je viens de te dire ce qu’il en est mais tu ne m’écoutes pas. Je suppose que ça ne devrait pas m’atteindre. Si je le dis c’est pour moi… pas pour toi. » Un souffle. « Je t’aime. Je t’aime depuis six ans. Je ne sais pas si je cesserai de t’aimer un jour. Quand tu es comme ça avec moi... » Un sourire triste, qui s’élève. « Je l’espère vraiment, Dambi. » lui avoue-t-il en toute sincérité, se refusant à détourner son regard du sien. Sa main derrière lui, qui vient attraper la poignée de la porte. « Je vais rentrer dans ma chambre. » Les mots qui lui reviennent à l’esprit. je ferais tout pour que tu cèdes, qu’importe si tu fuis, me rejettes ou mens. Son visage se ferme un peu plus. « Ne me suis pas. » souffle-t-il avant d’ouvrir la porte pour disparaître derrière.

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Je ne veux rien de tout ça. Pourquoi fallait-il que ses mots soient si blessants quand ils n’avaient pas vocation à l’être ? Pourquoi fallait-il que même lorsqu’elle lui donnait l’occasion de fuir définitivement et ainsi lui faire du mal, il trouve un autre moyen détourné de lui en faire plus. Elle ne comprenait pas. Elle ne savait plus quoi faire ou que dire, comment faire taire cette maladie qui lentement grandissait en elle et lui faisait perdre la raison. Effrayée par la tournure que tout ça prenait. Se disant qu’il aurait mieux valu qu’elle ne croise jamais son chemin. Qu’elle oublie juste la provocation et continue encore et toujours à le fuir. Parce qu’alors il ne lui manquait guère. Parce qu’alors elle avait le semblant d’impression d’être entière, loin de son être qu’il déchirait par ses expressions, ses mots ou son silence… Ses rejets à répétition. Était-elle si peu désirable pour qu’il ne veuille ainsi pas d’elle ? Était-elle si laide de l’intérieur qu’elle ne méritait même pas quelques miettes ? Dambi s’était toujours aimée telle qu’elle était, loin de se remettre en question, aimant son tempérament franc comme avoir toujours su ce qu’elle voulait. Et tout fait pour l’obtenir. Alors pourquoi ? Pourquoi ne cessait-il de la peindre si salement et lui faire croire le contraire quand il disait l’aimer si désespérément ? Tout sonnait si faux désormais. Son envie de fuir. Ses mots durs. Sa lassitude suintant et cette manie qu’il avait de rester prostré loin d’elle. Répétant ses mots alors que de sa bouche ils semblaient si putrides. Se demandant pourquoi elle était encore là, à faire des efforts, quand il ne voyait que ça d’elle. Pourquoi elle avait cru devoir patienter et le ménager quand sa versatilité et sa facilité à dresser le monstre qu’elle était lui prouvaient qu’il n’avait guère de sentiments. Ce qu’elle en retirerait, de sa possession ? C’était si simple. Trois lettres. Une seule volonté. Lui. Mais comment le comprendrait-il ? Ils ne s’étaient jamais compris, leurs désirs si opposés. Qu’on la traite de folle, peu lui importait. Pour elle, les sentiments, les mots d’amour et les promesses éternelles… Ne valaient guère plus qu’un bout de papier calciné. Si facilement consumé. Si rapidement éteint. Son père avait abandonné femme et enfant à peine né quand il avait fait voeu d’éternité. Sa mère avait cru qu’en l’aimant elle serait heureuse mais elle n’avait fait que crever à petit feu jusqu’à l’éloigner. Alors à quoi bon ? A quoi rimait tout ceci ? Elle laissait à d’autres les beaux discours et les contes de fée. Les histoires d’amour et les titres qui n’avaient guère d’intérêt. N’était-il pas parti, lui aussi ? Qui lui disait qu’il ne le referait pas à la première occasion ? Qu’elle ne serait pas encore laissée seule avec ses démons ? Hors de question. Il était plus facile de posséder. Croire qu’ainsi enchainé… Il ne pourrait pas s’échapper. Qu’elle ne pourrait pas être touchée. Qu’elle pourrait être heureuse à sa façon, même si son âme en devenait hideuse. Elle ne savait vivre autrement. Alors elle garda le silence, tout du long. Ses prunelles posées sur lui mais son esprit si lointain, la douleur si vive qu’elle s’en était échappée pour continuer à respirer. Là sans l’être. Accusant coup sur coup, l’expression neutre. Sentant son être se craqueler et se fissurer à sa conclusion. Il espérait ne plus l’aimer. Vraiment. S’il la rejetait si vivement, s’il lui assénait toutes ces vérités… C’était uniquement parce qu’il aurait aimé ne jamais la rencontrer. Parce qu’elle n’était que souffrance et décrépitude. Incapable de le rendre heureux. Incapable malgré son coeur qu’il disait dans sa paume de le lier à elle. Indésirable même dans l’amour. Mais n’était-ce pas ainsi qu’elle était née, au final ? La larme roule sur sa joue alors qu’il s’éloigne, son cœur meurtri de toute part lui faisant un mal de chien. Se recroquevillant sur elle-même, toujours assise sur la table. Laissant couler la rivière de diamants, petite boule si fragile et si seule hoquetant dans le silence pesant de son départ. Perdue dans des ténèbres épaisses où même respirer lui semblait une épreuve.