CAI LANYING ✬ EIGHT

La caméra dans ses mains est familière. L’angle est naturel et elle ne se sent pas plus stressée que ça de faire sa vidéo de présentation. Lanying a toujours été plutôt spontanée et n’a pas envie que sa présentation montre autre chose. C’est la raison pour laquelle, lorsqu’elle appuie sur “record”, elle n’est pas encore complètement sûre de ce qu’elle va dire.

Le background est sa chambre, très clairement. Des murs roses pales, assez caricaturaux d’une chambre de petite fille. Sur le mur, des posters et des étagères avec des CDs et autres goodies de certains groupes qu’elle stan. Un drapeau de Taïwan et un autre de Chine quelque part vers la droite. Une ou deux peluches de chiens entre le mur et elle. Elle est assise en tailleur, sur un lit on devine. Elle n’est pas en pyjama mais non plus en tenue pour sortir. Un entre deux de chemise et pantalon légers de toile de la même couleur presque que son mur. Elle aime le rose, on peut imaginer. Ses cheveux séparés par une raie au milieu sont attachés à l’arrière de sa tête en deux nattes qui se rejoignent, attachées ensemble par un petit nœud. Bleu clair. Le sourire sur son visage est étincelant, ses dents presque surprenament blanches. Elle s’avance un peu vers la caméra avant de se mettre à parler. “Bonjour, Salut, moi c’est Cai Lanying, j’ai vingt-et-un an, je suis chinoise et j’ai déménagé de Taïwan y’a… pfiou, presque un an maintenant. Enfin pas vraiment, mais presque. Je dirais près de huit mois ?” On la voit réfléchir, pas comme si elle essayait de le cacher, le doigt tapotant sur la joue, son menton tenu dans sa main et les yeux vers le plafond. “Je suis pas trainee. Je sais que y’aura des trainees dans l’émission mais c’est pas mon cas. Moi j’suis influenceuse. J’influence personne mais je parle de ma vie et des nouveautés et des groupes, et cetera.”

Lanying se lève, va couper la caméra et se laisse tomber sur son lit. Bien. Bon. Elle peut pas juste rester là. Elle est pas trainee, mais faut qu’elle montre qu’elle est pas juste là pour être jolie. Même si elle sait qu’elle l’est, honnêtement, jolie.

La vidéo coupe et reprend à un nouvel endroit. Au vu de l’arrière plan, on peut imaginer être dans un studio ou quelque chose qui pourrait être utilisé comme. La caméra semble être dans le booth d’enregistrement et filme la fille en train de chanter à un micro avec un ukulele. En voix off, on peut entendre Lanying parler. “Ma notoriété, je l’ai pas faite par moi même. J’ai pas eu de difficulté à devenir connue. Après tout, en Chine, on m’a connu quasiment dés mes premiers cris. Puis ça a continué en Taïwan. En venant en Corée, j’aimerais recommencer du début. Voir par moi-même si je réussis à conquérir de nouveaux coeurs. À l’écran, Lanying se lève et s’approche de la caméra pour la prendre et la tourner.

Elle coupe la caméra… Hm… Quoi d’autre ?

La caméra tourne et la scène montre maintenant un parc. En selfie, Lanying se filme en train de caresser un chien. “Mes passions, à part la musique et me filmer en train de parler de mes passions et de ma vie, en vrai, elles se résument aux animaux. Les chiens, surtout. J’en ai pas, parce que j’ai toujours peur de penser que je saurais pas assez bien m’en occuper. Alors j’en prends pas et je joue avec ceux des autres. Peut-être, un jour je passerais le pas.” La caméra se refixe sur elle et avec un grand sourire, elle finit par s'asseoir par terre, de nouveau en tailleur. “Bref, j’ai pas l’impression qu’il y ait grand chose d’autres à dire sur moi. J’espère que j’vous en ai assez dit, puis si non, au pire, vous apprendrez à me connaître mieux au fil des épisodes. Bisous bisous. À bientôt.” Elle fait un coucou de sa main libre à la caméra et la vidéo coupe.

Mouais. Ouais, c’est pas mal. Plus qu’à monter tout ça, et ce sera tout bon. Qu’elle leur plaise ou pas, aux gens, elle sait qui elle est, elle sait ce qu’elle veut faire, elle fera de toute façon du mieux qu’elle pourra.

Le stress monte. Elle sait que ça va bientôt être à elle. Elle s’est préparée, bien sûr, mais maintenant qu’elle voit les autres elle est sûre qu’elle s’est moins préparée qu’eux. Certains sont trainees. Certains sont… Elle est pas bien sûre de ce qu’ils font là, vu leur niveau. Ils devraient être déjà sur la scène à briller de mille feu. Elle pourrait remettre en question sa présence mais Lanying étant le bout de feu et de bonheur qu’elle est se dit juste que c’est une expérience, qu’après tout, ça ne pourra que la faire s’améliorer de fréquenter ces gens là. Puis, qui sait, peut-être que la nouveauté, sa naïveté pourront plaire. Lorsqu’on lui dit que c’es tà elle, elle sautille un peu, pour décharger le stress, ou d’excitation, probablement un peu des deux, le ukulele dans sa main qui saute avec elle. Allez. C’est parti. Show time.

Elle avance sur scène, un sourire éclatant aux lèvres, laissant s’échapper son excitation. Elle devrait probablement le cacher et montrer un visage sérieux, mais c’est un peu trop compliqué. Elle atteint vite le petit tabouret en bois posé là, devant un micro. Elle a son ukulele en main et elle s’assoit. Elle pose l’instrument contre elle, pose ses doigts sur le premier accord et se racle la gorge, pas trop fort, pour pas que le micro le capte. Elle se sent dans son élément, habillée avec sa petite tenue rose et son jolie béret. Elle regarde face à elle, les trainees déjà passés qui sont assis sur les fauteuils, elle leur sourit. Certains qu’elle remet, d’autres pas du tout. Tant pis, elle aura bien le temps de les rencontrer.
Elle attend quelques secondes avant de lancer les premiers quatre accords identiques et de lancer son intro. Lorsqu’elle commence à chanter, elle se balance au rythme de la musique, de droite à gauche. C’est la chose la plus proche qu’ils auront de sa compréhension du tempo pour cette performance. Pas de pas de danse, la musique ne s’y prête pas. Lorsqu’elle arrive à de plus hautes notes, elle ferme les yeux puis s’amuse sincèrement lorsqu’elle arrive aux sifflotements. Ah… Si elle pensait un jour utiliser la capacité que lui avait apprise son frère pour siffler dans un show de télé Coréen… Lorsque la musique touche à sa fin, qu’elle finit ses deux dernières phrases quasiment a capella, elle baisse son ukulele et sourit à l’audience avant de se pencher légèrement et de rejoindre un des sièges face à elle.

Elle sort de scène, s’assoit sur un siège,, lâche un long souffle et sourit. Waouw. C’était. Si. Cool. Ok, qui est next ? Elle est pressée de voir les autres performances… En fait, c’est comme un concert gratuit.