na seulbi ✬ abracadabra

classement, thème & entrainement Après l’effervescence du summer camp, il avait été bien difficile de retomber les deux pieds sur terre, le classement arrivant telle une épée de Damoclès impromptue. Ayant presque oublié, tant par le soleil et la mer que l’euphorie brute qui l’avait prise une fois sur scène et face à un réel public, constitué de pointures qui plus est, qu’elle participait à un survival et pouvait chuter. Ce qui arriva effectivement, sans doute déçue de sa place mais pas de sa performance, ne s’étant pas sentie tant revivre depuis deux longues années. Elle ne savait si ça avait été la scène, les cris, l’impression de contrôle ou cette douce électricité qui la parcourait quand elle dansait face à la brise marine qui l’avait le plus marquée, toutefois était-elle sûre d’une chose : elle avait changé.

Et cette évolution imposait de nouvelles questions et défis, l’émission revêtant un tout autre aspect. Voulait-elle gagner ? Être idole ? Se remettre à danser ? Ce qu’avant elle rejetait d’un mouvement de main et d’un rire plus ou moins faux résonnait aujourd’hui plus lourdement en elle, les battements désordonnés d’un cœur conquis peinant à se soumettre au déni qui la gouvernait jusqu’alors. Elle avait faim. De quoi, elle ne le savait trop, mais elle trouverait et pour celà… elle se devait de tout donner jusqu’au bout, plus encore alors qu’elle avait chuté dans le classement. Une réalité qui ne l’empêche pas d’être profondément heureuse pour les autres, la douce May, son enfant, arrivée en tête du classement. Accueillant la nouvelle avec le solaire d’un sourire estival, les orbes humides tandis qu’elle sautille sur place et peu après vient la lover dans ses bras et la faire tournoyer dans les airs. Certains instants étaient emprunts de magie, et celui-là en faisait décemment partie, ne pouvant que rire légèrement en tirant son thème peu après, la tendresse de l’esquisse perdurant.

Magique.

Elle n’était pas bien sûre de ce qu’elle ferait mais… elle espérait qu’en quittant la scène, elle aurait insufflé assez de féérie à chacun pour qu’ils puissent voguer loin de leurs soucis, avec un sourire béat. Parce qu’au fond, n’était-ce pas la plus grande des magies ? Le bonheur saupoudré dans le quotidien de la vie.

Aussi s’était-elle décidée à les faire voyager dans un autre univers, à la conjecture entre les rêves et la douceur du passé, l’enfance étant après tout l’époque de tous les permis. Un conte mêlé de réalité dans un décor onirique, le retourneur de temps d’Harry Potter comme base de sa réflexion bien que tout le reste n’ait aucun rapport avec le classique cinématographique. Ce n’est qu’une fois sa réflexion posée qu’une chanson sortie du lot comme une évidence, Abracadabra de Haey semblant coller en tous points. Elle se tourna alors vers le staff pour discuter arrangements, mise en scène et une fois tout le monde mis d’accord, l'entraînement put commencer avec ses backdanceuses dans la joie et la bonne humeur. La fin de Stardom était proche et elle se devait de tout donner, pas simplement pour grimper dans le classement mais surtout pour ne rien regretter. Pour se prouver à elle-même qu’elle était capable et que les rêves, thème de sa performance, n’étaient pas hors de portée.

*˖✧ abracadabra ✧˖*



Alors que le noir habite la scène, c’est l’écran mural qui s’illumine, un épais livre pastel semblable à un grimoire de sorcière ou de magical girl gravé d’un pentacle s’ouvrant dans un bruit de pages volantes alors qu’il flotte dans les airs. La voix de Seulbi s’illustre alors en fond, récitant une réplique culte d’Alice au pays des Merveilles, un inconnu lui donnant la réplique avec le chat. Le tout se trouvant gravé dans l’illustre bouquin d’une plume à papote tandis que des dessins agrémentent les mots, une jeune fille, encore enfant hésitant sur la direction à suivre, un panneau sinistre indiquant la réalité… tandis que l’autre, se colorant de teintes pastels, va vers le monde onirique.

_{“Would you tell me, please, which way I ought to go from here?”
“That depends a good deal on where you want to get to,” said the Cat.
“I don’t much care where—” said Alice.
“Then it doesn’t matter which way you go,” said the Cat.}

Le livre tombe à plat, une fenêtre se dessinant vers ce monde holographique prenant alors toute la place de l’écran tandis que la scène s’illumine doucement, un brouillard cotonneux s’étalant au sol. Au centre se trouve Seulbi, cachée de ses backdanseuses qui semblent la tirer de son lit, son âme se détachant de son enveloppe charnelle pour rejoindre le pays des rêves et s’y éveiller.

Everyone says it's a dream. They're gonna wake up soon…

La mélodie est aussi douce que féérique, ayant longuement travaillé sa voix pour lui donner cette teinte chaleureuse appelant au voyage alors qu’elle glisse en harmonie, avec souplesse et élégance. Son costume ressemble autant à une fée qu’une ballerine, vestige d’une époque révolue qui lui manque visiblement malgré toute la souffrance endurée. Toutes les jeunes femmes autour d’elle portent également un tutu classique dans les roses pastels. Petit à petit, la scène est révélée dans son intégralité, illuminée de spots de diverses couleurs toujours pastels, le sol étant un miroir les reflétant une fois le brouillard dissipé tandis que les contours de cette dernière sont décorés de cristaux iridescents, de boules de voyance capturant le ciel, de lampes à bulles et ballons illuminés, chacun ayant au creux un univers lumineux différent. Un arc en ciel en néon se tient au fond, flanqué de deux énormes sabliers coincés dans des cercles de fer blanc, ressemblant au retourneur de temps. Au plafond, ce sont de faux nuages cotonneux qui sont suspendus ainsi que des avions en papier colorés, porteurs des souhaits humains. Tous ceux qu’on envoie dans son sommeil en une prière muette pour qu’un tiers, une entité divine, les réalise au matin.

L’écran du fond fait défiler au gré de la chanson des paysages idylliques, se calant plus ou moins sur les paroles décrivant le monde dans lequel elle aimerait revenir. Des champignons gigantesques et des fleurs dans des bulles quand elle parle de la forêt. Des baleines fendant les cieux à l’évocation de l’océan. L’univers est à l’opposé total de l’achromatisme de la réalité qu’elle fuit et en opposé total avec les normes de taille et d’apesanteur. Il ne disparait en un tourbillon coloré, comme une spirale envoûtante ou un tsunami l’attirant qu’au refrain (abracadabra rewind, abracadabra look carefully abracadabra make a wish, hocus pocus) tandis que les sabliers latéraux se mettent à tourner sur eux-mêmes frénétiquement, remontant le temps au rythme des flashs colorés et désordonnés des spots. Ses mouvements sont eux aussi plus hachés, ressemblant aux aiguilles d’une horloge.

This kind of story is perfect for a fary tale or cartoon
Why'd you want to be so cold reality is icy

Arrivant au moment où elle refuse la réalité et la possibilité d’y retourner, paroles susurrées comme un secret, des canons jetent des paillettes sur scène et le public, poussière de fée faisant léviter ou sable du marchand, invitant tout un chacun à la rejoindre dans cet univers hors du temps. Les expressions sont complices, les mouvements effectués avec brio et elle se sent toute entière dans ce spectacle qu’elle donne jusqu’à la note de fin, s’allongeant sur les danseuses comme si elle fut sur un lit et acceptant enfin de rejoindre son enveloppe charnelle et son quotidien, le noir envahissant la scène de nouveau.