→ piste 3

piste 3, high jump, juri. Aussitôt passée par-dessus la barre - et ce, de justesse - Ju Ri se redresse aussi vite que possible, impatiente de voir le résultat. Mais son mètre cinq tout juste passable, ne fait que la frustrer immédiatement. Agacée, elle s'efforce de garder un visage neutre alors qu'elle passe devant les caméras, offrant même un petit sourire déçu pour ne pas paraître mauvaise joueuse. Pourtant, son esprit de compétition fait d'elle une perdante bien amère. Assise, elle reprend sa respiration en attendant péniblement son tour, désormais anxieuse de ne pas pouvoir rattraper son échec. Elle avait déjà fait "moyen" à l'archery, elle voulait définitivement assurer sur l'épreuve de saut en hauteur. Expirant longuement, elle se force à croire que le dernier essai sera le bon. Au pire, il lui suffirait de se donner à fond au 60M. Cette fois, elle jette un oeil plus attentif que quelques instants plus tôt, au athlètes amateures qui composent sa team, curieuse de voir ce qui peut bien les aider à passer cette stupide barre plus facilement. Pourtant, rien ne lui paraît vraiment différent de sa propre manière de faire les choses. Haussant les épaules en se relevant, elle marche instinctivement jusqu'au spot désigné, démotivée d'avance. C'était toujours ça avec elle : pile quand elle pensait pouvoir réussir quelque chose, l'univers lui prouvait le contraire.

1m20 - 1m05 - 1m00  

piste 3, high jump, isac 2017. Tu regrettes terriblement, le repas bien copieux que tu as pris ce midi, tout juste avant l’épreuve. Sans qu’on te le demande, tu t’es pénaliser toute seule et maintenant, tu avais en plus de ton poids habituel, le fardeau de la digestion lente qui te connait envie d’une seule chose : celle d’aller roupiller à l’ombre. Malheureusement, tu avais cette épreuve de saut en hauteur à faire et accessoirement, réussir. Tu n’étais pas certaine de faire des miracles, voir absolument pas, mais tu n’avais pas vraiment le choix. T’échauffant dans ton coin, en retrait par rapport à tes concurrentes, tu t’assurais qu’aucun faux-mouvement ne puisse te froisser un muscle et t’obliger à subir pendant une semaine ou deux, des courbatures musculaires horribles.  

piste 3, high jump, isac 2017. Ton score te surprend, tu grommelles de soulagement, en rejoignant tes concurrentes sans pour autant afficher de sourire. C’était le premier d’une série de trois, alors il fallait encore te concentrer pour deux sauts avant de pouvoir exprimer tes sentiments. La partie n’était pas terminée, au contraire elle en faisait que commencer et un sentiment de malaise te tordait les entrailles. Plutôt qu’une indigestion, tu savais l’origine de ce mal : le stress. Tu avais dû mal avec, si bien que parfois, cela prenait des dimensions disproportionnées. On disait souvent que tu exagérais mais ce n’était pas vraiment le cas. Si seulement tu pouvais faire différemment, tu n’hésiteras pas. Les gens discutent, tu ne les entends pas, mais tu devines ce qui peut se dire. Quand on tour arrive, quand s’affiche sur le panneau ton nom, tu te prépares à sauter. Deuxième essai, tu espérais qu’il soit aussi bon que le premier.  

piste 3, high jump, isac 2017. Si tantôt tu grimaçais à la vue de ton précédent score, cette fois-ci tu affichais la même expression que Bouddha. Voilà enfin, quelque chose de plus réaliste, que tu correspondais plus largement. La déception ne se lisait pas vraiment sur ton visage, mais quiconque te connaissant aurait su ton côté compétitif en prenait un léger coup. Mais ce n’était rien, tu t’en remettais vite. Il te restait un saut avant d’aller prendre un petit cachet pour calmer ton estomac et puis, faire un tour aux toilettes pour t’alléger. Tu patientes que ton tour arrive, tu observes les prouesses physiques de tes adversaires et avant même que tu puisses soupirer, ton nom s’affiche. Prenant place, tu te prépares à prendre ton élan, puis sauter dans l’espoir que ton score soit meilleur que les deux passés.