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Invité
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Dim 10 Juil 2016 - 15:28
Serendipity - seconde mission
cheese in the trap
La seconde mission imposée au Serendipity consistait à jouer la comédie. Si certains avaient accueilli la nouvelle avec beaucoup d'enthousiasme, la jeune femme s'était montrée plus réservée sur le sujet. A l'annonce de la mission en question, tout un tas de questions lui avaient traversé l'esprit si bien qu'il lui avait fallu un long moment à se décider. L'abandon n'était pas envisageable, elle se devait de continuer coûte que coûte et au pire des cas elle se ridiculiserait. La solution la plus simple aurait été de se mettre en duo avec une personne qui s'y connaissait en la matière mais pourquoi faire simple lorsqu'on peut faire compliqué? Eun Bin avait opté pour la seconde solution qui était de faire sa performance en solo. Tout au long de la semaine elle avait recherché une scène assez courte qu'elle pouvait interpréter seule et cette tâche s’annonça elle aussi plus compliquée que prévu. La majorité des passages intéressants se jouaient à deux minimum et les quelques potentiels solos sur lesquels la jeune femme était tombée consistaient principalement à pleurer en silence ou à méditer intérieurement, chose qui ne serait intéressante ni pour le public, ni pour le jury puisqu'il lui serait impossible de faire ses preuves dans de telles conditions. Elle avait presque commencé à perdre espoir quand elle découvrit le personnage exubérant de Baek In Ha, qui avait fait couler beaucoup d'encre sur la toile en raison du jeu de l'actrice. La trainee se moquait pas mal de ce qui avait bien pu se dire à ce sujet puisqu'elle avait trouvé ce personnage intéressant à jouer dans le sens où In Ha était l'exact opposé de ce qu'elle était d'ordinaire. Beaucoup de temps fut utilisé pour ses recherches et par conséquent la jeune femme avait du travailler sans relâche les jours restants pour parvenir à rentrer dans ce rôle et se donner un minimum de crédibilité. Mais au fond elle le savait parfaitement. Malgré ses efforts, rien n'était gagné. Cette épreuve serait pour elle un véritable challenge.
Elle était la dernière à passer, et plus les minutes défilaient et plus l'angoisse la rongeait. Eun Bin tentait de se convaincre qu'il s'agissait d'un bon stress, et qu'il lui permettrait de se donner au moment venu mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer la pire situation qui puisse exister. Les précédents candidats avaient tous bien joué leurs rôles il n'y avait aucune raison qu'elle échoue, elle se l'interdisait. Lorsque son nom fut appelé, la jeune femme s'avança vers l'équipe chargée de l'équiper d'un micro puis avoir inspiré un bon coup, se lança à l'assaut de la scène d'un pas déterminé. Désormais elle était Baek In Ha.
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La virée shopping avait tourné au cauchemar en un claquement de doigt. Une fois encore In Ha avait fait des folies au niveau de ses achats. C'était toujours la même chose avec elle, presque un automatisme. Elle n'était pas économe pour un sous et ressentait ce besoin de gaspiller son argent en dépenses inutiles. Ce qui était injustifié aux yeux de son entourage l'était pourtant pour elle: elle avait une image à conserver et se devait d'être toujours bien habillée. La coréenne eut cependant le droit à une mauvaise surprise au moment de son passage en caisse lorsque l'employée lui annonça que ses deux cartes de crédits avaient été suspendues, provocant la colère de la brune sur le moment. Elle savait pertinemment qui était derrière ce coup bas et si elle s'était écoutée, la jeune femme lui aurait très certainement exprimé sa façon de penser. Mais elle ne pouvait, pas avec cet homme qui était sa principale source de revenus. Se le mettre à dos signifiait une coupure des vivres, ce qui était inenvisageable, bien que ce soit actuellement un peu le cas. Honteuse de s'être fait affichée de la sorte devant les employées de cette boutique qu'elle fréquentait régulièrement, la jeune femme détala aussi rapidement qu'elle était arrivée.
Téléphone à l'oreille, In Ha poussa péniblement la porte de la boutique avant de rejoindre la rue. A l'autre bout du fil se trouvait le responsable de sa soudaine mauvaise humeur qu'elle tenta tant bien que mal de masquer. Face à lui la colérique In Ha n'existait plus, elle s'écrasait, se pliait presque en quatre pour obtenir les faveurs de ce dernier. D'une voix plaintive, elle pris alors la parole. « Ahjussi, que vais-je faire si vous suspendez soudainement ma carte de crédit? » Et la gestuelle suivait. Elle se tortillait dans tous les sens, exagérait ses expressions faciales bien que son interlocuteur ne puisse pas voir sa façon d'agir. Et en un sens c'était peut-être mieux ainsi car il se serait probablement embarrassé de son comportement en public. Car oui, lui aussi avait une image à tenir: celui de dirigeant d'une grande firme. « Comment est-ce qu'une femme qui vit seule est censée vivre sans argent? » Tenant le dernier mot plus longtemps que les autres, elle n'eut pas le loisir de continuer sur la lancée, rapidement interrompue par son interlocuteur à l'autre bout du fil. « In Ha, je t'ai dit que je t'offrirai un travail une fois que tu obtiendras ton diplôme. » Elle ne chercha même pas à répondre, se contentant de faire la moue. Les études n'avaient jamais été quelque chose qu'elle affectionnait. « Ces jours-ci, c'est dur pour les jeunes d'avoir des opportunités de travail. Pourquoi n'essaies tu pas quand tu en as la chance? » Plus il parlait et plus elle grimaçait avant d'adopter finalement un air outré. Travailler, elle? Comment osait-il lui demander une chose pareille alors que depuis toutes ces années elle avait toujours bien vécu sans se donner cette peine? « C'est trop dur d'obtenir le diplôme. Vous savez que je ne suis pas intelligente. » Tout était surjoué, sa voix, son intonation dans l'unique but de le faire céder. Elle opta même pour un ton limite enfantin pour l'amadouer mais rien n'y faisait, il était coriace.
« Ne blâme pas ta tête, tu dois essayer. Tu es une adulte maintenant. Tu devrais essayer d'avoir un travail. » S'en était trop pour elle, ces propos étaient insupportables. Travailler? Et puis quoi encore? Elle hissa sa main au niveau de la tempe droite, les yeux fermés le temps d'analyser la situation. Elle devait trouver de bons arguments, et vite! « Mais j'ai besoin d'argent pour aller en cours. Vous allez me verser les frais de scolarité, n'est-ce pas? » Elle se félicitait de cette idée. S'il s'agissait d'études, il ne pourrait pas le lui refuser, si? Un petit sourire plein d'espoir pris place sur ses lèvres alors qu'elle attendait la réponse du businessman. « Juste pour le premier mois. Je l'ai dit à l'école donc tu ne peux pas te faire rembourser. Et je vais vérifier que tu y ailles. » Le choc. La jeune femme se pencha en avant, les yeux ronds et la bouche grande ouverte. Tout était exagéré chez elle, même la plus insignifiante des réactions. Mais lui, comment pouvait-il lui faire ça? Rien ne lui échappait. Il pensait à tout dans les moindres détails. Un petit « Wae? » lui échappa alors qu'elle se tournait vers la droite, puis vers la gauche. Gesticuler ne l'aiderait pas à réfléchir mais en situation de détresse, l'Homme à tendance à agir sans réfléchir et à faire n'importe quoi. « Même Jeong à dit que tu allais étudier. Il m'a martelé que tu devais avoir une carrière. » L'entente du doux nom de celui qu'elle aimait piqua sa curiosité. Sa voix se fit plus douce alors qu'elle repris la parole, à la recherche de renseignements supplémentaires. « Jeong aussi? » In Ha était dubitative. Depuis quand lui montrait-il un semblant d'intérêt alors qu'extérieurement il agissait comme s'il n'en avait rien à faire?
« Puisque beaucoup de gens sont inquiets pour toi, prépare-toi à trouver un travail. J'attends beaucoup de toi. » Et sans plus attendre il raccrocha, la laissant ainsi seule avec sa conscience. Lentement elle abaissa son téléphone, reprenant la parole pour elle seule. « Yoo Jeong, ce salaud rusé! » In Ha avait élevé la voix au moment de prononcer les trois derniers mots. Passer pour une folle? Elle ne s'en souciait pas. La jeune femme se redressa alors, continuant de se parler à elle même à haute voix et de plus en plus rapidement, perdue, paniquée à l'idée de ne plus pouvoir vivre aussi confortablement qu'avant. « Mais pourquoi il se donne tant de mal pour me couper les vivres? Pourquoi? Qu'ai je fais? Je faisais tranquillement du shopping. » Et voilà qu'elle faisait désormais de grands mouvements de bras tout en continuant de gesticuler et s'interroger. Elle parlait fort et serait à coup sûr prise pour une folle, mais elle ne s'arrêta pas pour autant. Elle se moquait pas mal du regard que les autres pouvaient lui porter, elle valait bien mieux que toutes ces personnes réunies. Quoi qu'il en problème de carte suspendue était réellement un problème, et elle se devait d'agir au plus vite. Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait faire pour résoudre la situation mais y réfléchirait très vite. Dès qu'il s'agissait d'argent, In Ha savait se donner les moyens. Elle se décida donc à repartir en direction de chez elle, sans pour autant cesser de manifester son mécontentement d'une voix de plus en plus forte à chaque mot rajouté. « Oh, pourquoi? POURQUOI? » Désespoir quand tu nous tiens.
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Eun Bin quitta la scène sur les derniers mots de son personnage avant de revenir sur ses pas quelques secondes plus tard pour s'incliner respectueusement face à la table des juges en guise de remerciements. Son stress, la jeune femme l'avait passé à la demoiselle Baek dont le rôle se prêtait à merveille. Il lui avait permis de trouver la force nécessaire pour jouer ce personnage haut en couleur et totalement fou en son genre. In Ha était à des années lumières de ce qu'elle était réellement, et malgré tout, elle estimait avoir relevé le défi. Il ne restait plus qu'à espérer que le jury soit du même avis. Dans tous les cas, la jeune femme était fière de l'avoir fait, elle qui partait pourtant de loin.