loving sledding time ♥ oleri

OLE & YURIYuri est heureuse. En bas des pistes de ski, emmitouflée dans un énorme manteau, cachée sous deux bonnets qu’elle a superposé et une gigantesque écharpe qui se charge de lui cacher l’autre partie du visage, elle ne cesse de sourire. Sûrement parce qu’elle imagine déjà la vision qui s’imposera à elle dans peu de temps. Son visage poupin et son sourire qui monte jusqu’aux oreilles. Sa beauté qui la touche, même lorsqu’il contorsionne ses traits dans des grimaces expressives. Au moins on peut dire une chose : Ole n’est pas ennuyeux. Face à tous les copains qu’elle a eu, ceux derrière lesquels elle devait courir pour qu’on lui donne de l’attention, ceux qui n’avaient jamais envie de faire toutes les sorties qu’elle voulait, Ole est une bouffée d’air frais. L’impression d’avoir trouvé quelqu’un d’au moins aussi barré qu’elle, et qui sera sûrement prêt à la suivre dans tous ses plans douteux.

Aujourd’hui il n’y a pourtant pas de plan douteux qui tienne. Dans un coin à l’écart des pistes, pour qu’ils aient tout de même leur intimité, Yuri a traîné toute seule comme une grande une luge dans laquelle ils peuvent tous les deux se mettre et lui a envoyé un SMS cryptique. « Viens à ces coordonnées, il faut que je te parle. » Pas plus de détail ou de contexte et elle espère bien le flipper un petit peu, puisqu’ils n’ont pas encore eu l’occasion de se voir depuis que leurs deux groupes sont arrivés au Winter Camp. Elle ne lui fera pas de fausse mauvaise blague, et compte bien lui faire un gros bisou lorsqu’il arrivera si toutefois personne n’est autour pour les voir.

Yuri avait prévu d’au moins garder le suspens un peu plus longtemps mais lorsqu’elle voit ce qu’elle croit être sa silhouette se dessiner, elle ne peut s’empêcher de se redresser et de sautiller en faisant de grands mouvements de bras, pour qu’elle voie où elle est. En même temps, elle est la seule personne ici, comment aurait-il pu se tromper ? Passant d’un pied à l’autre pour se réchauffer, elle bondit lorsqu’Ole arrive à sa hauteur pour se jeter contre lui et le serrer dans ses bras. Posant sa joue contre son torse chaud, elle la frotte là un peu avant de relever son regard brillant en sa direction. « T’es prêt ? » Comment pourrait-il être prêt Yuri, il ne sait même pas ce qu’il fait là...

OLE & YURI« Viens à ces coordonnées, il faut que je te parle. » Alors. Venant de Yuri, c'était sans doutes pas si grave que ça, comme truc à me dire, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'être un peu stressé quand même... surtout après avoir entré les coordonnées dans google maps. « Hva faen? » (what the fuck?) Elle comptait me kidnapper dans la forêt ? L'idée me fis quand même un peu rigoler, même si la jeune femme avait un potentiel de psychopathe, et je disais ça avec tout l'amour du monde. Non, parce que si moi j'avais des idées très arrêtées et des obsessions, elle aussi. Alors voila, peut-être que c'en était bientôt fini de moi et que j'allais me faire séquéstrer dans une cabane isolée, avant de devoir l'aider à s'en sortir parce que je m'y connaissais sans doutes un peu plus en matière de survie dans le froid. Merci papa pour tes expéditions dans des endroits où on se pelait les fesses afin d'aller voir les animaux... j'en gardais, certes, de bons souvenirs, mais également de gros coups de froid.

Enfin bref.

Je parle, je parle, mais j'étais surtout déjà en train d'enfiler mes habits de neige avant de sortir avec mon téléphone à la main pour chercher à rejoindre Yuri. Finalement, elle ne fut d'ailleurs pas si difficile à trouver, il suffisait de cibler le truc coloré qui sautillait sur place: et par réflexe, je répondis en sautillant aussi avec le bras en l'air, jusqu'à pouvoir la rejoindre. Holala, qu'elle était mignonne, habillée ainsi. Elle était mignonne tout le temps, de toutes façons... néanmoins, sa question me décrocha un air surpris. « Prêt...? Tu vas vraiment me séquéstrer dans un chalet au fond de la forêt? »

OLE & YURILa réponse d’Ole lui occasionne une moue. Quoi ? C’est ça qu’il pense d’elle ? Yuri était bien heureuse de le voir mais elle ne peut s’empêcher d’être vexée intérieurement que ce soit la première chose qu’il lui dise. Et puis elle est là. Tout contre lui, le visage tendu en sa direction. Pourquoi ne l’embrasse-t-il pas ? N’en a-t-il rien à faire d’elle ? Elle sait qu’elle exagère probablement mais ces pensées ne peuvent s’empêcher de traverser son esprit. Ses bras se décrochent lentement d’Ole et elle fait un pas en arrière pour les croiser, ne prenant même pas la peine de cacher l’air boudeur qui vient se coller sur son visage. Pire encore : sûrement pousse-t-elle l’expression dans le domaine de l’exagération, histoire qu’il ne se méprenne aucunement sur ce qu’elle ressent.

« Quoi, c’est ce dont tu as envie ? » lui répond-elle en penchant le visage sur le côté, les lèvres pressées l’une contre l’autre. Ses dents viennent sauvagement attaquer l’intérieur de sa lèvre inférieure. S’énerve-t-elle pour rien ? Mais pourquoi a-t-elle l’impression qu’à chaque fois qu’elle a un nouveau petit ami, il n’agit aucunement comme un petit ami parfait devrait le faire? Est-ce qu’elle en attend vraiment trop ? Sûrement, mais elle ne peut s’empêcher d’être frustrée. « Pourquoi tu me fais pas de bisou ? Tu aurais pu me tripoter les fesses aussi. Maintenant que tu m’as tu ne m’aimes plus ? » demande-t-elle grincheuse, détournant le regard et se laissant tomber les fesses dans la neige. Elle n’a pas envie de faire une crise enfantine à Ole. Malgré elle, son esprit revient aux fois où elle a été tout aussi énervée lorsqu’elle était avec Jaehyun. Yuri ne veut pas reproduire les mêmes erreurs mais elle a l’impression que c’est inévitable. « J’avais pas prévu de t’enfermer quelque part mais on peut trouver si tu veux. Si tu préfères. » marmonne-t-elle.

OLE & YURIJ'étais si heureux à l'idée de passer du temps avec Yuri ! En plus, il n'y aurait pas trop de problèmes pour se voir, ici, puis-ce que tous les idols n'avaient que ça à faire : profiter des vacances à la neige. Ce serait bien moins compliqué que de naviguer entre les horaires de chacun et les yeux indiscrets des fans... et je n'étais pourtant que trainee. Imaginez ce que ça donnerait une fois qu'on aura débuté ! Qu'est-ce qu'il nous restera ? Un dem-jour par semaine ? Moins ? C'était pour ça que Jaejin hyung ne se trouvait personne ? J'avais de la peine pour lui... le célibat devait le peser, à force. Ca ne donnait presque pas envie d'être dans un groupe trop populaire, à moins d'être gay et de pouvoir se mettre en couple avec un membre de la bande. Kiwoo et moi allions avoir des problèmes à l'avenir, en tout cas...

Mais bref ! On n'y était pas ! Pour le moment, j'avais juste à profiter d'un moment avec Yuri sans me soucier de trop de choses, alors c'est avec un grand sourire sur le visage que je m'approchais d'elle, sans pour autant établir de contact physique pour le moment : j'avais bien retenu la leçon, depuis la première fois que je l'avais embrassée dans la rue. Tant qu'on ne serait pas sûrs et certains d'être seuls, je ne voulais pas créer de problèmes. Imaginez si quelqu'un était en train de randonner non loin d'ici ?

Cependant, ça sembla déplaire à Yuri... parce que bien que je ne comprenne pas sa première façon de réagir, c'est-à-dire de bouder intensément, ses questions fulgurantes me firent vite comprendre d'où venait le problème. Et, attendez, je pouvais vraiment tripoter ses fesses !? Trop bien... hum. Non, attendez, d'abord, régler le problème. Là, elle s'était même assise pour faire bien comprendre que ça n'allait pas et à part la regarder avec des yeux ronds, je ne su pas trop quoi faire dans l'immédiat.


Mon air étonné laissa néanmoins place à un petit sourire et je finis par venir face à elle pour m'accroupir, vérifier autour de nous, puis prendre son bonnet pour le lui tirer un peu vers le bas afin de le replacer correctement. « Mais pourquoi est-ce que tu es si mignonne quand tu boudes ? Tu crois vraiment que j'ai pas envie de t'embrasser ou te tripoter depuis que tu m'as envoyé ton message ? » Je fis signe vers les pistes qui se trouvaient un peu plus loin. « J'ai vu des gens faire du hors piste, alors j'ai pas envie qu'on ait une mauvais surprise et que tu sois embêtée... mais peut-être que si on se cache dans la forêt, je peux créer un sort pour qu'on ne nous approche pas. Et à partir de là... » Lançais-je en haussant un peu les épaules, mon petit sourire assuré toujours au coin des lèvres, avant de me relever et de lui tendre les mains. « Allez ma princesse, tu vas prendre froid si tu restes là et je suis un très mauvais infirmier, viens ! »

OLE & YURIYuri a du mal à comprendre pourquoi elle est comme ça. Elle le sait. Elle devrait être satisfaite. Aux anges. Et c’est comme ça pour beaucoup de choses dans sa vie. Lorsqu’elle l’imagine, lorsqu’elle le fantasme, alors tout semble si parfait. Toujours prête à ressentir l’apothéose interne, ne se confrontant pourtant qu’à un vide effarant à chaque fois qu’un de ses buts est atteint. Alors quoi ? Est-ce que la vie… est sensée être aussi fade ? Est-ce que tout est censé être sur une ligne plate ? Elle s’en veut. Elle s’en veut de ne pas être meilleure pour Ole qu’elle adore sincèrement. Mais il lui est difficile de penser aussi à ce sujet. Difficile d’analyser réellement les raisons qui l’ont poussées à agir de cette façon depuis le moment où Suho lui a annoncé les sentiments d’Ole à son égard. Parfois elle se le demande. Si elle ne le savait pas depuis le début. Si elle s’était caché les yeux depuis tout ce temps pour une raison toute particulière. Mais il lui est encore difficile de voir ça et de laisser les pensées accéder à sa conscience. Elle mourrait de faire du mal à quelqu’un qu’elle tient autant. Préférant s’oublier pour qu’Ole ait sa petite part de bonheur, sans arriver pourtant à jouer le rôle à la perfection. Elle s’en veut. À trop forcer il lui semble qu’elle craque tout entier.

Yuri a envie de disparaître. Ayant du mal à faire du sens de ses émotions qui s’entrechoquent en elle. Elle ferme les paupières : imaginant alors qu’Ole, la trouvant trop énervante et immature, la laisserait juste là. Elle sait de quoi elle a l’air. Elle n’en voudrait à personne de l’abandonner ici. Même alors qu’elle sent sa chaleur devant elle, elle se refuse à ouvrir les yeux, craignant n’être qu’en train d’espérer en vain. Mais sa voix finit par retentir. Elle s’autorise à ouvrir à demi les paupières, sans parvenir pourtant à le regarder entièrement en face. Sa poitrine se réchauffe lorsqu’il replace le bonnet sur sa tête. Si la moue boudeuse ne quitte pas son visage, les traits au moins s’assouplissent. Son corps se détend un peu. Ole fait preuve de tellement de gentillesse à son égard qu’elle a envie d’en pleurer. Se rendant compte qu’elle est trop habituée à le faire avec les autres et qu’elle se nie à elle même, à quel point elle en crève d’envie. Qu’on lui donne de l’affection. Qu’on lui donne de l’amour. Allant même jusqu’à nier les évidences dans son cœur pour pouvoir en profiter, même des façons les plus superficielles. Yuri ne parvient pas à arrêter les larmes de venir couler sur ses joues, son visage se baissant pitoyablement en direction du sol. Un reniflement. Elle finit pourtant par mettre ses mains gantées dans celles d’Ole pour se redresser, incapable de le regarder en face. « Désolée... » murmure-t-elle faiblement, honteusement. Son corps qui se replie sur lui même. « Est-ce que c’est grave si je n’ai pas vraiment envie d’un bisou ?... » force-t-elle hors de ses lèvres, pour être sincère. « Mais j’ai vraiment envie... » Elle vient se mordre la lèvre inférieure, étrangement honteuse de demander ça. « J’ai vraiment besoin… d’un câlin. Que tu me fasses un câlin... » souffle-t-elle le corps contracté. « J’ai tout gâché. Je voulais être heureuse pour toi. Je voulais sourire pour toi et être... » Un rire triste lui échappe, « c’est bien pour ça que tu m’aimes, non ? Parce que je suis… comme ça... » Elle devrait s’arrêter là. Parler de ces choses lui est si inconfortable. Et pourtant elle n’arrive pas à chasser cette émotion envahissante, celle qui lui donne envie de se cacher au fond d’un trou. « Je ne comprends même pas… ce que tu me trouves... »

OLE & YURIJe ne comprenais pas tout des réactions de Yuri qui pouvaient assez vite passer d'une extrême à l'autre, c'est vrai. Son impulsivité pouvait aussi parfois venir à bout de mes nerfs comme ça avait été le cas par le passé, et ses mots aussi, mais ça, c'était notament parce qu'on avait deux points de vue différents sur certaines situations. Pourtant, on m'avait bien appris à ne pas juger les gens inutilement, alors même si je le faisais quand même parfois parce que j'étais pas encore un sage de niveau 10, je me disais que je n'avais pas besoin de comprendre la situation d'une personne pour que celle-ci soit quand même légitime. Et bon, si Yuri avait décidé de s'arrêter dans la neige et de se laisser emporter par les peurs qu'elle cachait sous une grosse dose de sucre glace, je n'avais pas à trop m'emporter non plus. Depuis qu'on avait eu cette discussion par texto, suite à sa rupture avec Jaehyun, il y a quelques mois, j'avais un autre angle de vision la concernant. Je crois... je crois qu'elle souffrait beaucoup en silence, et ça suffisait largement à me faire descendre de mes grands chevaux, quand j'étais à deux doigts de m'énerver et que je me rappelais de ça.

Après l'avoir donc aidée à se relever (tout en tâchant de ne pas paniquer moi-même), je l'observais d'un oeil inquiet, jusqu'à entendre ses paroles et rester parfaitement pantois. Là, par contre, j'avais l'impression d'être un enfant à qui on demandait d'agir comme un adulte et qui n'avait pas la moindre idée du mode d'emploi. C'était embêtant, très embêtant, même, pour moi qui trouvais généralement toujours les mots justes...

Alors peut-être que je devrais me contenter du câlin pour le moment: ce que je fis. Un gros câlin, même, assez fort pour qu'elle puisse se relâcher, mais pas trop pour qu'elle puisse respirer quand même. J'avais l'impression que tout ça me glissait entre les doigts et que j'allais être complètement inutile, mais pourquoi est-ce qu'on avait besoin de raisons pour aimer quelqu'un? J'avais pas choisi... c'est Yuri qui s'était imposée à mon petit coeur. Je sais que j'aurais pu m'intéresser à plein d'autres filles à l'agence, mais ça n'avait jamais été le cas... et puis en plus, elles ne me parlaient pas, les autres. Alors voila, j'avais envie de lui dire que je ne savais pas, mais que c'était pas parce qu'elle avait l'air tout le temps heureuse. Que c'était juste parce qu'elle existait, peut-être. Or, le fait de me dire que peut-être, finalement, elle n'était pas si heureuse que ça mais qu'elle essayait de s'en convaincre, ça finit par me décrocher une montée trop vive d'émotions et un sanglot que je ne pus retenir. « Pourquoi tu dis des trucs aussi horribles...? Qu'est-ce qui se passe...? » Comment est-ce que j'allais pouvoir la sauver de sa négativité, juste avec mes deux bras ?

OLE & YURIBien vite les bras d’Ole viennent l’entourer. Yuri ferme les yeux et se laisse happer par cette sensation. Bien sûr qu’elle l’aime. Elle l’aime, pas vrai ? Elle ne peut pas en douter lorsque sa chaleur l’enveloppe. Elle a bien fait de l’embrasser ce jour là. De lui dire qu’ils devraient être ensemble. Comment pourrait-elle en douter ? Elle n’en doute pas, elle ne peut pas. Ole… Ole avait toujours été quelqu’un qu’elle appréciait. Il avait toujours été un ami cher à ses yeux, et il avait toujours été présent lorsque les larmes coulaient sur ses joues, même lorsque ces larmes appartenaient à un autre. Alors pourquoi… pourquoi se prend-elle tant la tête ? Pourquoi ne peut-elle pas juste ignorer cette impression que tout n’est pas exactement aussi simple que ça ? Pourquoi a-t-elle l’impression qu’il y a quelque chose qui manque, pourquoi ? Elle tente d’étouffer ses peines, ses interrogations, en serrant un peu plus fort le jeune homme contre lui. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave : si elle abandonne toutes ces futiles tortures alors elles disparaîtront. Elles disparaîtront et elle pourra être la petite amie idéale. Celle qu’elle avait été pour tous les autres hommes avant lui. Tous les autres avec qui ça s’était terminé. Se terminer. Se terminer ? Pourquoi cette idée lui passe dans la tête ? Elle est trop douloureuse. Ce n’est qu’une peur insensée.

Elle mouille le haut de Ole avec ses larmes qui coulent sans retenue contre lui. Au moins il ne peut pas la voir, cachée comme ça contre son torse. Elle s’en veut. Elle s’en veut tellement d’être aussi nulle, ce n’est que ce qu’elle peut répéter en boucle dans sa tête. Reniflant pour ne pas essayer de tâcher aussi son manteau avec sa morve, elle écoute ses mots tremblante. Doit-elle lui répondre ? Mais elle n’en sait rien. Elle n’en sait vraiment rien… à pourquoi elle dit ces choses là. Elle n’en sait vraiment rien, à ce qui se passe. Elle a juste l’impression d’étouffer sans savoir… à qui appartiennent les mains qui se resserrent autour de sa gorge. Alors elle ne répond rien un long moment. Comment est-ce que les autres font ? Est-ce qu’ils comprennent tout, de ce qui se passe en eux ? Elle devrait être plus forte. Détourner le regard à cette faiblesse qui la dégoûte et se présenter fièrement devant Ole. Yuri finit par relever le visage en sa direction, restant collée à lui, ses bras aussi. « Il se passe rien ! Je dois être… fatiguée... » souffle-t-elle douloureusement entre ses lèvres, sa poitrine se comprimant un peu plus. Pourquoi est-ce que ces sentiments ne peuvent pas la laisser tranquille ? Pourquoi doit-elle subir ça ? Elle était juste venue… faire de la luge avec son petit ami. Comment s’en est-elle retrouvée à chouiner contre lui ? Yuri tente de se reprendre. Étire misérablement les coins de ses lèvres en essayant d’adresser un sourire au jeune homme, ses larmes redoublant sans qu’elle ne parvienne à les arrêter. « Je suis ptet hormonale... » balbutie-t-elle, cherchant toutes les excuses possibles pour le rassurer. Elle n’a pas envie de lui faire du mal. Elle ne pourrait pas… faire du mal à la personne qui… l’avait repêchée alors qu’elle était au plus bas. Elle ne peut pas faire du mal à quelqu’un qui l’aime et qui ne cesse de lui montrer. Son regard redescend pour fixer un point indéterminé au milieu de son torse. « Ma surprise c’était que… que j’ai apporté une luge. Alors on peut faire de la luge. Je vais arrêter de pleurer. Promis juré. Je dois être trop moche comme ça en plus... » blablate-t-elle, lâchant finalement son corps pour venir effacer rageusement les pleurs sur ses joues. Bien vite d’autres viennent les rejoindre, mais elle ne sanglote plus. Elle ne sait même plus trop ce qu’elle ressent. Elle sait au moins ce qu’elle devrait ressentir, alors elle tente de s’y accrocher. Ses pas s’éloignent en direction de la luge qu’elle avait traîné jusque là et elle s’accroupit à côté. « T’as déjà fait ça, toi ? De la luge. Je suis sûre que tu vas crier comme une fillette, ça fait peur quand on descend. T’as vu la pente en plus ! » Elle se sent pitoyable de faire comme si tout allait bien quand ce n’est pas le cas. Mais elle voit mal ce qu’elle pourrait faire d’autre. « Allez viens. Tu peux te mettre derrière moi et me faire des bisous dans le cou pendant qu’on descend. Ça sera chouette non ? »

OLE & YURIJe ne comprenais pas ce qui se passait. Vraiment, la situation était en train de devenir complètement hors de contrôle et dans ma petite tête d'adolescent, le comportement de Yuri ne se raccrochait à rien de connu ou de logique. C'était d'ailleurs assez stressant de ne pas savoir où elle voulait en venir... d'autant plus l'une de ses phrases précédentes me restait en tête et me comprimais désormais un peu la cage thoracique sans que je ne m'en rende encore vraiment compte. 'je voulais être heureuse pour toi, c'est comme ça que tu m'aimes, non ?'. Comment est-ce qu'on pouvait dire un truc pareil à quelqu'un ?! Quelle était la signification de telles paroles ? Même si d'un côté, ça me rendait inquiet au possible de l'entendre sortir des phrases comme ça, j'avais également cette impression affreuse que... qu'il y avait désormais un mur invisible entre-nous et qu'elle ne me disait pas toute la vérité. Ou peut-être qu'elle ne se la disait pas non plus à elle-même. Surtout que là, elle commençait même à nier et à se trouver de fausses excuses comme de la fatigue ou ses hormones.

Mais non, je n'allais pas gober un truc pareil alors qu'elle était en larmes et ne parvenait pas à se reprendre.

Alors, lorsque la demoiselle se leva pour se diriger vers la luge qu'elle avait apporté, je me contentais de la suivre du regard, en silence, ne réagissant à absolument aucune de ses phrases, avant de me contenter de me remettre sur pieds pour dégager la neige qu'il y avait encore sur mes genoux. « Non. » Non, ça ne sera pas chouette et non, je n'avais pas envie de lui faire de bisous dans le cou parce qu'elle nous inventait désormais un programme pour éluder le problème qui venait d'éclater. « On devrait retourner à l'hôtel et je t'offre un chocolat chaud. Et après, tu vas te reposer avec Miran... » Pas avec moi, puis-ce qu'avec moi, elle devait faire semblant d'être heureuse. Et au vu de la difficulté que j'eus à prononcer ma phrase, je réalisais alors ô combien j'avais la poitrine oppressée par cette situation... sauf que je ne pouvais pas le montrer maintenant, ni même laisser les larmes qui voulaient sortir monter à mes yeux. Ce serait peut-être un bon entrainement pour ma vie future en tant qu'idol, tenez... apprendre à ne pas montrer mes émotions. « Ça se voit que tu ne vas pas bien, je n'ai pas envie que tu te forces. » Qu'elle se force à... sourire devant moi ou à être joyeuse. Et que je ne pourrais pas être la solution à son problème, cette fois-ci. J'en venais même à me demander si Yuri avait déjà eu un comportement authentique envers moi, dernièrement. Est-ce qu'elle avait accepté qu'on sorte ensemble parce que je lui faisais pitié, mais qu'elle n'arrivait pas à assumer les choses pour autant ? Non non non, je ne devais pas penser ainsi. Je finis par soupirer, puis inspirer faiblement, même si l'air froid me donnait mal au cœur. Ou alors, c'était autre chose. « Viens, tu dois être fatiguée, comme tu dis, tu travailles beaucoup... il vaut mieux que tu te détendes. » Soufflais-je en tendant ma main dans sa direction.

OLE & YURIYuri s’en veut. Plus elle tente de se forcer et plus la culpabilité vient serrer sa poitrine. Elle sait… que Ole n’est pas bête. Elle ne veut pas non plus sous entendre qu’il l’est, en se forçant si fort. C’est juste… qu’elle est perdue. Le stress la prend tout entier et l’empêche d’agir de façon censée. L’envie plus forte que tout de ne pas gêner Ole est probablement ce qui la pousse à s’embourber un peu plus profondément dans cette situation qui leur fait mal à tous les deux. Même si elle espère qu’il fera comme si de rien n’était, elle sait qu’il n’en sera rien. Et le veut-elle vraiment ? Ne serait-elle pas peinée… si quelqu’un qu’elle aime tant… ignorait sa souffrance ? Elle n’en sait rien. Yuri… ne sait pas ce qu’elle veut. Yuri ne se l’est pas demandé depuis trop longtemps, habituée à être tirée d’un côté et de l’autre et de se laisser aller par le mouvement. De quels désirs son cœur bat-il ? La question se pose dans son esprit et la réponse n’est qu’un silence.

Le « non » de Ole l’arrête dans son mouvement. Elle n’ose pas relever le regard en sa direction, son cœur se brisant un peu plus de l’entendre lui parler si fermement. Lorsqu’il reprend la parole, elle ne peut que redresser un regard peiné en sa direction. Bien trop consciente du fait… qu’elle lui a fait mal, d’une façon ou d’une autre. Même si rien ne se perçoit vraiment sur le visage de son petit ami, elle ne parvient pas à s’enlever cette idée de la tête. Parce que son Ole aurait été exubérant, il aurait fait des blagues et il l’aurait faite rire aux éclats. S’il agit comme ça alors… Elle le connaît bien trop et depuis trop longtemps pour penser que tout va bien.

La main qu’il tend dans sa direction lui donne envie de pleurer à nouveau. Lâchant la luge qu’elle s’affairait à remettre en place, elle se redresse entièrement et la fixe. Cette grande paume et ses longs doigts. Il lui est difficile de retenir les larmes qui percent bientôt sur ses joues. « Je suis désolée. » souffle-t-elle en continuant à la fixer. L’impression qu’elle n’a pas le droit, de la prendre dans la sienne, cette main. Pas si elle le fait souffrir de cette façon. Yuri renifle et vient s’essuyer les yeux de sa manche. Son regard finit par se lever pour se planter dans celui d’Ole. « Pourquoi est-ce que tu es gentil avec moi ? Pourquoi est-ce que tu t’occupes de moi alors que... » sa voix craque. Ses dents viennent s’accrocher à sa lèvre inférieure. « Est-ce que tu as vraiment envie de m’acheter un chocolat chaud ? Je ne veux pas… je ne veux pas que tu te force à être fort pour moi, non plus » avoue-t-elle en déglutissant difficilement. Yuri finit par attraper la main d’Ole dans la sienne mais au lieu de la serrer dans la sienne, la tient juste en otage entre ses deux mains. Fixant l’intérieur de sa paume comme si là se trouvaient toutes les réponses. « Tu as raison… rentrons. » finit-elle par déclarer dans un soupir peiné.

OLE & YURIPour moi qui avais généralement un comportement jovial et souriant, il était assez simple de deviner quand ça n'allait pas. Une chose de sûre, c'est que j'avais du mal à dissimuler mes émotions... si j'étais heureux, je l'étais jusqu'à ce que tout le monde en ait marre, si j'aimais quelqu'un, j'allais coller la personne, mais par contre, si la négativité m'enveloppait, alors je pouvais me fermer totalement. Voir, devenir injuste et virulent. Je n'avais cependant pas envie de faire subir ma dureté à Yuri aujourd'hui... si j'y arrivais. Elle pleurait déjà assez comme ça...qu'est-ce que ça pourrait bien apporter que j'en rajoute une couche et que je lui dise que ses excuses ne faisaient qu'empirer la situation ?

Les yeux plantés sur la jeune femme, j'attends donc qu'elle se décide à venir ou non me prendre la main pour partir d'ici et retourner à nos affaires, chacun de notre côté, sauf que ses questions me plantèrent de nouvelles flèches dans le dos et je fus incapable de dire quoi que ce soit dans un premier temps, la poitrine serrée comme jamais. D'un côté, je n'avais pas envie de la perdre. Egoïstement, je voulais la garder auprès de moi, rester l'un de ses humains favoris et ne pas me faire abandonner... et puis de l'autre... il y avait cette amertume dans le fond de ma bouche dont je n'arrivais pas à me défaire. « Ca changerait quoi, que je le fasse ou pas ? Tu préférerais que je te laisse ici toute seule avec tes larmes ? » Je lui lançais un regard un peu vif, avant de néanmoins détourner le regard rapidement pour nous mettre en route. « Yuri... tu préfères qu'on soit amis ? » Après une dizaine de pas, je m'arrêtais néanmoins pour fixer la neige devant mes pieds, les yeux humides. « Parce que moi, je t'aime. Mais toi... toi, tu ne m'aimes pas. Pas comme ça, n'est-ce pas ? » C'était ce que je ressentais, en tout cas... cette... espèce d’impossibilité de me lier à elle. Et puis, une sorte de superficialité dans notre relation, aussi. Alors, il me fallut rassembler tout le courage qu'il me restait à partir de là pour me redresser et me tourner dans sa direction afin de ne pas lui faire ça en ayant le dos tourné. « Dis-le moi... je mérite que tu me le dises, si c'est vrai... »