tani eiko ✬彡 alien (orig. moony)

i don't want to be alone La boule au ventre et les entrailles en pagaille, certaine que quelqu’un lui avait ouvert l’estomac pour lui faire des nœuds, Eiko attendait les résultats de la première épreuve avec peur et appréhension. Elle ne s’attendait pas à la première place, clairement (même si une voix au creux de sa tête lui murmurait qu’une reine ne devrait avoir droit qu’au numéro un), mais elle n’espérait pas non plus finir dernière. Acceptant d’être après des idoles qui avaient fait de leur métier la musique quand elle s’était tournée vers l’acting (même si depuis son plus jeune âge elle s’entraînait assidûment au chant et à la danse) mais pas d’être trop loin derrière des trainees. Alors, pour un premier jet… La huitième place ne serait-elle pas satisfaisante ? La moitié. Ni plus, ni moins, se complaisant dans ce calcul et priant tous les dieux (sans en vénérer aucun) de lui accorder cette place qui n’était à ses yeux, pas trop en demander. Seulement, une fois les résultats affichés… Il n’y a qu’un nom qu’elle retient.

Kwon Yejun.
2ème place.
Soit huit au-dessus d’elle.
Et là, c’est le drame.

Comment avait-elle pu oublier qu’il participait à la compétition, au juste ? Comment avait-elle pu oublier qu’il pourrait être classé au-dessus d’elle, surtout ?! Sentant la colère et le ressentiment monter envers cet autre qui l’avait toujours fait se sentir moins que rien et transparente, l’impression que même désormais qu’elle était libérée de ses sentiments, il continuait à se foutre d’elle. Pourtant elle savait, qu’il était tout sauf méchant. Elle savait même pertinemment, à quel point il semblait calme et tendre. Mais pas pour elle. Et ça avait fait toute la différence, se jurant en lui envoyant un regard laser, le sourire cute flottant toujours sur ses lippes, que cette fois elle l’écraserait.

Viser la première place ?
So boring.
Elle visait la place au-dessus de lui, qu’importe si elle devait inventer le numéro zéro à la prochaine épreuve.
Qu’il l’attende !!!! (même s’il ne la voyait encore une fois surement pas)

Et puisque visiblement, ses talents en danse et chant ne suffisaient pas, alors elle miserait tout sur ses expressions faciales, ses talents d’acting et sa capacité à raconter une histoire. Visant d’abord Twit de Mila (un bop légendaire) avec l’envie de chanter que le concerné était un parfait idiot avant de se raviser (ou que Jieun la sauve en la prenant), se tournant alors sans hésiter vers Alien de Moony au pas de course. Pas le temps de niaiser comme on dit !

Le reste de la semaine fut un combat acharné pour obtenir des salles d’entrainement et pouvoir laisser parler son imagination. Jouer la comédie, c’était facile. Inventer un clip, un peu moins, l’impression diffuse d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre. Mais elle était Tani Eiko. Et Tani Eiko ne donnait que le meilleur d’elle-même, ni plus, ni moins.

Aussi lorsqu’elle se retrouve en coulisses le jour J avec une boule d’appréhension la clouant presque sur place, elle tente d’inspirer en se répétant des idioties en boucle. Elle était la septième à passer. Le chiffre sept était un bon présage, non ? Il y a 7 jours dans la semaine, 7 couleurs dans un arc-en-ciel, 7 notes de gamme, 7 chakras, 7 merveilles du monde… Oui, sept était définitivement un bon chiffre, symbole de perfection. Alors place à la septième merveille du monde !!

La musique d’Alien démarre, en slowed & reverb, tandis que la scène dévoile une salle de classe aux nombreuses tables et chaises retournées, des banderoles warning et autres accessoires utilisés par la police scientifique en condamnant l’accès. Les teintes prédominantes sont assez étonnantes, mélange de violet et turquoise où le fuchsia se mêle parfois, donnant cette impression diffuse d’être dans une autre galaxie. Eiko se tient assise sagement à une table, dans son costume ressemblant à la fois à une écolière et une super héroïne, coiffée de deux nattes serrées et portant de grosses binocles. Elle écrit un devoir, la tête complètement ailleurs quand une bande de figurants en uniformes scolaires débraillés viennent l’embêter, tapant dans le pied de sa chaise, lui volant sa feuille pour la déchirer et la montrant du doigt en rigolant à gorge déployée. Cette dernière tente d’abord de récupérer ses affaires en sautillant autour du géant qui tient son stylo, mais alors qu’elle est poussée et finit par terre, c’est le sol qu’elle regarde avec insistance, les laissant s’éloigner tandis que ses poings se serrent, le silence emplissant la salle. Puis la musique redémarre, cette fois-ci au rythme basique.

My mama told me I'm ALIEN
Actually, you’re from a galaxy far away
You in that planet
Used to be a champion
A winner who have won a gold medal

Sa voix, d’abord faible et tremblante, comme si elle pleurait, s’élève au fur et à mesure qu’elle chante, se mettant en même temps debout et relevant la tête, l’expression triste encore présente mais remplacée peu à peu par un regard déterminé alors qu’elle se met à danser. La timidité des mouvements est voulue, semblant plus confiante au fur et à mesure que des backdanseuses habillées en infirmières de l'espace viennent l’épauler et danser à ses côtés.

You got bigger and greater
The planet couldn't contain you anymore
You liked to swim in warm water
So I brought you here
You realized you have a special power
I'll get weaker and you’ll get stronger

Le sourire illuminant son minois, innocent et enfantin, comme ayant retrouvé confiance en soi, elle entame le refrain avec énergie, croyant dur comme fer aux mots de sa mère. L’étincelle de malice brille dans ses iris tandis qu’elle se prend pour une super héroïne venue d’ailleurs, semblant croire qu’à la découverte de ce simple fait, tout serait plus facile. Qu’elle comprendrait qui elle est et serait aimée pour ce qu’elle est.

My mama told me I'm ALIEN
You have come to turn the tables
But someone erased your memory
And triеd to ruin everything
You listen up

Pourtant, cela n’est apparemment pas l’avis des nurses qui se mettent d’un coup à tirer sur une natte puis l’autre et tenter de lui enlever ses binocles. Passant d’une main à l’autre alors que la jeune femme tente de reproduire la chorégraphie, l’incompréhension s’imprimant sur ses traits. On lui dit de se tenir droite, de rentrer le ventre et sourire, l’une sort même son poudrier pour lui écraser de la poudre sur le nez, le sourire tombant et devenant grimaçant quand bien même elle essaie coûte que coûte de le redresser.

Bеcoming harder to contain
Your growing strength and voice
The planet's paying attention to you
Now you ready for this
You are good to go

Mais alors qu’elle chante ces paroles, l’adolescente ne semble plus autant y croire qu’au début, la joie ayant complètement quitté ses traits. Plus conforme aux normes de beauté et métamorphosée, certes, mais à tel point qu’elle ne se reconnaît plus. Le refrain reprend, et la belle suit, comme un pantin, le sourire factice aux lippes tandis que les infirmières sont toutes fières de leur travail.

La slowed & reverb version revient ensuite et les adolescents de tout à l’heure refont surface, se mettant à tourner autour d’elle en la sifflant et la draguant, comme si elle était une autre. Eux non plus ne la reconnaissent visiblement pas, charmés par son physique sans même chercher à savoir qui elle est, la chanson changeant à ce moment précis, Eiko en ayant réécrit la fin.

Need to hide behind the veil ALIEN
Don’t tell them who who
Don’t tell them who you
If anyone asks who I am
I'm a brainwashed beauty ALIEN

Dansant et chantant une dernière fois le refrain sous les regards intrusifs des garçons, le sourire toujours présent. Toujours aussi faux. Le dernier alien se brisant volontairement alors qu’une larme coule solitaire sur ce visage retouché et coincé dans un sourire ne venant pas du cœur. Perdant son unicité pour rentrer dans les rangs de la société, vide de l’intérieur.