ep. 5
d o w n p o u r
Les première notes de pianos jouées, et le projecteur est pointé sur Ninon, assise sur la tabouret, les doigts appuyant sur les touches, les unes après les autres. Le piano résonne, entouré d’un bruit de pluie illustré par un
carré qui entoure et le piano et elle. Le micro est attaché au piano, et elle commence à chanter. La voix est faible, mais c’est un choix qu’elle a fait. Pour cette dernière presta, elle n’a pas besoin, ni envie, de montrer qu’elle peut chanter bien, fort, et haut. Elle veut montrer qu’elle peut émouvoir. Alors sa voix est triste, mélancolique et son regard est fixé au loin quand il n’est pas fixé sur le piano. À
0:54, le reste des instruments en fond de scène rejoignent le piano mais Ninon ne change rien, reste telle qu’elle est. Et elle aurait pu faire toute la scénographie autour de ça, mais non. Parce qu’elle avait envie d’exploiter les possibilités de Shooting Star à fond. Et ce serait la dernière fois qu’elle pourrait.
À
1:33, elle se lève, et la lumière la suit lorsqu’elle se dirige vers un autre endroit de la scène. Le piano tombe dans l’obscurité et le carré de pluie s’éteint pour la laisse passer. Avant de reprendre avec un
nouveau pattern. Elle se retrouve entre deux cascades d’eaux et chante. Ses mains parfois frôlent l’eau qui l’entoure des deux côtés, parfois elle passe même carrément la main sous l’eau avant de les remettre autour du micro, laissant les gouttes ruisseler sur ses avant bras.
A
2:02, l’on entend pour la première fois les choristes. On les entend arriver, mais on ne les voit que dix secondes plus tard lorsqu’elles arrivent sous l’eau avec des micros protégés contre la pluie qui leur tombe dessus. Elles sont habillées comme Ninon, coiffées comme Ninon, et agissent comme Ninon. Des parfaites copies d’elle qui reproduisent exactement ses gestes
comme un miroir. Elles se touchent régulièrement les paumes des mains. Ninon est sèche, mais les choristes sont complètement trempées. Parfois les mouvements ont, volontairement, quelques secondes de décallages.
Puis à
3:05, l’eau se calme, l’eau s’arrête même, et Ninon comme les choristes semblent prendre un moment de répit. Répit qui ne dure pas longtemps lorsqu’à
3:12, l’eau reprend de plus belle, tombant cette fois ci massivement sur Ninon. Les choristes sont mouillées de nouveau aussi, mais elles s’éloignent, doucement, chacune de leur côté.
A
3:37, la scène plonge dans le noir, concentrant la lumière comme un fondu, juste comme au début, au piano, sur une des choristes qui jouent la mélodie de fin, et Ninon, dans le noir, invisible aux yeux du public, sous la pluie.
Ninon sort de scène la première, laissant seule sur scène avec les applaudissements, la choriste habillée et coiffée comme elle, mouillée juste à la moelle.