Il en revenait à peine, de cette possibilité de revenir au Japon après tout ce temps. Le pays du soleil levant lui avait terriblement manqué, et pas seulement parce que c'était le pays dont venait son meilleur ami. Il avait toujours adoré ce pays et sa culture, même si elle n'était pas tellement éloignée de la sienne, en vérité. Cosmopolite à ses heures, Min Oh adorait s'imaginer japonaise, européen, américain. Il n'en restait pas moins coréen. Un coréen dont les valeurs et les pensées étaient parfois en décalage par rapport à celles de son entourage, mais qui ne s'en souciait pas tellement.
Mais ce n'était pas le moment de se demander d'où venaient sa façon de penser : ils étaient à Osaka, une ville japonaise qu'il aimait tout particulièrement pour sa cuisine, et ils allaient ensuite partir pour Kyoto, leur destination finale. Il avait hâte. Tellement hâte. Il se rappelait de sa visite dans un neko café, des années plus tôt. Un des moments les plus drôles de sa vie. Son amour des chats ne pouvait être réduit à néant.
« Voyons, je suis trop pudique pour ça. » Reprit-il d'un ton faussement innocent, alors qu'un large sourire étirait ses lèvres d'un coin à l'autre. « C'est pas faux. » Il plissa le nez, le coin de ses yeux suivant le mouvement. « Dans le pire des cas, on se débrouillera. On est des hommes ou bien? »
Son rire résonna une fois de plus dans la pièce, alors qu'ils avançaient dans l'aéroport, quittant enfin l'appareil qui leur avait fait traverser la mer du Japon et les avait emmenés à bon port. Il était affamé. Tout simplement affamé. Comme souvent, en vérité. Il passait des heures à se plaindre qu'un manque de nourriture qui n'existait pas : il mangeait souvent; trop souvent selon sa mère, pas assez selon lui. Qu'on l'écoute un peu. Au moins, Jun Kwang semblait d'accord avec son idée : c'était déjà bien. Un point et une gommette à paillettes pour lui.
Les bagages à la main, il haussa les épaules à la question de son compagnon d'aventure, un large sourire éclairant son visage alors qu'ils avançaient vers la sortie. « Nope, aucune. Au pire, on improvise? On tombera bien sur un petit stand, quelque chose comme ça. » Dans le hall d'entrée de l'aéroport, il devait bien y avoir de petits restaurants qui proposaient des repas typiques? Cela faisait tellement longtemps qu'il n'était pas venu. « Dans le pire des cas, on attend Kyoto. » Il n'était pas pressé. Il ne l'était jamais, de toute façon. « Si faut, on trouve une voiture en ville et on se tape la route. »