→ piste 2

J’ai l’impression de brûler de l’intérieur. Vous savez, cette chaleur soudaine qui vous prend lorsque vous faites un effort physique, qui vous donne le sentiment d’étouffer alors que vous ne faites rien de plus que, disons, courir ? C’est ça. Mais même si j’ai encore mal de ce putain de combat de coq avec Byun Tae, je tiens le coup. Je continue à courir comme le crétin que je suis, espérant ne pas terminer dernier, même si je me sens particulièrement épuisé par la journée que l’on vient de passer. Si j’arrive à la ligne d’arrivée, je serai déjà le plus heureux des hommes. Si j’ai le droit à une place sur le podium, c’est encore mieux. Est-ce qu’il y a un podium, d’ailleurs ? Des hôtesses qui vous donnent des fleurs et un baiser sur la joue, comme dans les courses de vélo ? La fatigue me ferait presque divaguer. Ou alors est-ce mon imagination ? Je donne une dernière poussée afin d’atteindre la ligne d’arrivée.

— A V E N I R
There's a time to let it grow, there's a time to let it slow, and a time to let it go. (cocoon, cathedral)

sign : me'ow; icon: eilyam (bazzart).

Spoiler:

la meilleure fan:

Courir, c’était pas forcément mon fort, mais je savais courir vite quand il le fallait. Y’aurait une épreuve de course à vélo, que je serais surement le premier. Je fais du vélo tous les jours pour livrer le lait, j’ai des cuisses en acier, et mon cul est adapté à la scelle haha. C’est très important d’avoir un cul adapté à la scelle, parce que sinon, croyez-moi, vous avez mal au cul pendant au moins quatre jours après avoir fait du vélo, ne serait-ce que cinq minutes. Pour dire à quel point le vélo pouvait être traitre. En attendant ce n’était pas du vélo qu’on allait faire, mais de la course. Soixante mètre, rien de bien folichon, mais je m’étirais longuement histoire d’éviter le claquage, et de ne pas me taper la honte devant mes sunbaes. Manquerait plus que ça. J’étais nouveau, alors si je pouvais éviter de me taper l’affiche ça serait bien.

C’était bientôt le top départ, je devais me placer pour pouvoir courir le long de la piste. Sautillant sur place je me mordillais des lèvres avant d’étirer mes bras, parce que oui, même les bras c’est très important. Les gens pensent qu’en courant, seuls les jambes travaillent, mais non, les abdos se faisaient, et même les bras travaillaient, alors bon. Il ne fallait pas non plus négliger le reste du corps. M’accroupissant, j’attendais que l’arbitre donne son top départ, alors que les autres venaient se placer aussi. Les fans dans les tribunes faisaient du bruit monstre, encourageant chacun leur chouchou. Leur oppa. Personne n’était venu pour moi, j’étais l’inconnu, le petit nouveau, le trainee tout neuf de l’agence, ni plus ni moins. L’année prochaine, quelqu’un sera surement la pour moi. Fermant brièvement les yeux, j’inspirais longuement pour finir par expirer et calmer mon cœur, qui battait la chamade. Dernière épreuve de la journée. Je me devais de bien le faire.

Le souffle court, la sueur sur le front, j’essayais tant bien que mal de tenir la distance avec mes adversaires. Ça passait vite, comme une seule petite seconde mais ça me paraissait être une éternité quand j’étais en train de courir, comme quoi, tout peut être différent suivant le contexte. Inspirant fortement, essayant de ne pas avoir de point de côté. Ce qui en soit, était pas mal difficile. Je donnais tout ce qui me restait de la journée comme force dans cette fichue course. Tant pis si je finis le dernier, mais je comptais la finir, sans me prendre le pied dans un lacet ou autre chose. La sueur commençait à dégouliner à forte dose, tellement j’étais crevé, et qu’il faisait chaud dans ce foutu gymnase. Essoufflé, je ralentissais avant même la fin de la course, de toute façon, c’est pas les jeux olympiques, on serait tous plus ou moins égal dans les temps.