ferruci nico

Selon sa carte, il allait bientôt arriver au niveau de la balise. Mais il peinait de plus en plus à avancer. Si le jeune homme était déjà dans cet état alors qu’il n’en était qu’à la deuxième balise, il se demandait bien dans quel état il serait après avoir cherché – et trouvé, avec un peu de chance – les six balises. Si au début, il appréciait la solitude et le calme de la forêt, il commençait de plus en plus à en avoir marre, et il n’avait qu’une envie : appeler son frère jumeau à la rescousse. Angelo avait toujours été à ses côtés, depuis sa naissance, et même en sport à l’école, ils s’étaient toujours retrouvés dans les mêmes groupes de niveaux, et généralement dans les mêmes équipes. Le silence de la nature commençait sérieusement à le déranger, et il donnerait presque tout pour croiser un autre être vivant capable de faire du bruit et de briser ce silence.

Il pouvait presque flairer l’odeur de la balise désormais. Enfin, c’était une métaphore très exagérée, puisque Nico n’avait en aucun cas un odorat assez puissant pour différencier l’odeur d’une balise au milieu des senteurs de la forêt. Mais il avait cette certitude. La petite pente qu’il était en train de monter prenait bientôt fin, et il supposait que sur le plateau qui suivait, il trouverait la balise.
Déduction qui s’avéra vraie, puisqu’il trouva rapidement la balise sur le workout aménagé en plein air. Le brun observa le lieu, les différents dispositifs pour s’exercer, et soupira. Pas question de faire de l’exercice supplémentaire. Toutefois, il profita des installations pour s’asseoir et faire une petite pause, reprenant sa respiration. Il se maudissait presque pour avoir décidé de participer à cette course. Fêter le début d’une saison, il voulait bien, mais en faisant une course d’orientation… Il y réfléchirait à deux fois la prochaine fois qu’on lui proposerait.

Nico prit le temps de souffler un peu. Assis par terre, le dos appuyé contre un des montants de la barre de traction, il observait le paysage. La forêt était jolie, c’était un fait, mais il ne pouvait s’empêcher d’être dérangé par autant de calme. Lui qui avait grandi avec un frère jumeau avec qui il faisait souvent des bêtises, et qui faisait toujours plusieurs activités extra-scolaires, et qui vivait actuellement dans un dortoir et passait ses journées à s’entraîner, entouré d’autres trainees, il était plutôt habitué à l’agitation et au bruit plutôt qu’au calme et au silence.
Le jeune homme baissa le regard vers sa carte, et fronça les sourcils en repérant la localisation annoncée de la balise suivante. Le point était perdu au milieu d’un amas de vert, signalant des buissons, des arbres ou tout autre type de verdure. Il lui faudrait donc repérer la balise au milieu des feuillages, en plus de devoir trouver le lieu où elle était placée.

L’adolescent italien se remit donc en route. Il prit une cadence un peu plus lente, essayant d’éviter le point de côté qui l’attendait, telle une épée de Damoclès pendue au dessus de sa tête. Sa carte fermement tenue entre ses mains, il n’arrêtait pas d’y jeter des petits coups d’oeil, tâchant de s’assurer qu’il suivait le bon chemin, et qu’il ne se trompait pas d’itinéraire. Pas question de se perdre de nouveau, et de devoir faire demi-tour sur un chemin un peu suspicieux. Il ne voulait pas rester coincé à tout jamais dans cette forêt, même s’il se doutait que les organisateurs de la course avaient prévu des équipes de sauvetage en cas d’accident, ou de perte de participant. Nico se demanda d’ailleurs si des personnes avaient déjà été portées disparues à la suite d’évènements de ce genre. Il conclut que c’était très probable, vu la nature de l’activité. Et il comptait bien ne pas faire partie du petit nombre de portés disparus en forêt après une course d’orientation.